AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pleasantf


La meilleure façon de parler de ce livre est de partir de son titre. Avec Toussaint, rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît. Et réfléchir à son roman, c'est ouvrir une boîte au trésor. Que veut-il bien dire avec La Vérité sur Marie ? Comme l'a souligné la critique de NMTB, le narrateur rend compte d'évènements qui impliquent Marie mais qu'il n'a pas vécu. Alors il a beau dire au début de la deuxième partie ‘je savais en toutes circonstances comment Marie se comportait, je savais comment Marie réagissait, je connaissais Marie D instinct', on se demande en fait si ce n'est pas Toussaint qui s'exprime là, dans sa position d'écrivain à propos de sa créature de fiction. Cela apparaît encore plus clairement dans la troisième partie, dans un passage qui est une véritable réflexion sur la création littéraire et notamment sur l'importance du rêve et sur le jeu entre troisième personne et première personne.

Malgré cette déclaration rappelant l'omniscience du narrateur, même s'il parle à la première personne, le paradoxe est que l'on apprend finalement peu de choses sur Marie. Elle est certes particulièrement bordélique, très émotive, en un mot un peu fofolle, mais ces quelques traits de caractère ne nous donnent qu'une image tout à fait partielle du personnage. Les deux premiers romans de la série (Faire l'amour et Fuir) nous en apprenaient autant sinon plus.

Au fond, ce qui est présenté, plus que la vérité sur Marie, c'est l'évolution de la relation amoureuse entre le narrateur et Marie, dans sa forme sinusoïdale et en résonnance avec les deux précédents livres de la série des ‘Marie'. Les trois parties du roman correspondent à trois périodes bien distinctes de cette relation. La première partie se situe quelques mois après ‘Faire l'amour', le premier roman de la série (la première phrase du livre – ‘nous avions fait l'amour au même moment' – en est un subtil écho), à un moment où le narrateur et Marie sont séparés mais où ils se retrouvent (pour la première fois ?) à l'occasion de la crise cardiaque de l'amant de Marie. La deuxième partie est la continuation directe de ‘Faire l'amour' et a pour cadre Tokyo, au moment où le narrateur et Marie se séparent. La troisième partie est le moment des retrouvailles amoureuses sur l'île d'Elbe, c'est à dire là même où se terminait le roman ‘Fuir' dans une ambiance étrange d'amour et de séparation en germe.

Ce qui est tout à fait remarquable, c'est que Toussaint ajoute à ce qui me semble être ce véritable fil conducteur du livre, des mises en perspective alternatives qui sont plus que des digressions mais qui finissent dans une impasse. Comme dans ‘Fuir' où les deux premiers chapitres se passaient en Chine avec des personnages chinois qui disparaissaient dans la dernière partie, les deux premiers chapitres mettent en lumière le personnage de Jean-Christophe de G., dont le ‘vrai' prénom est ‘en réalité' Jean-Baptiste, qui disparaît ensuite. Dans chacune de ces parties, Toussaint utilise ce personnage pour raconter une histoire. Avec la crise cardiaque et l'intervention du SAMU, il se livre à un texte quasi documentaire. Dans le second chapitre, il développe un récit quasi onirique lorsqu'il raconte l'échappée folle du cheval dans la zone aéroportuaire de Narita. de manière intéressante, Toussaint joue dans chaque chapitre sur l'alternance entre moments de vive tensions (l'intervention du SAMU, la course folle du cheval et dans la dernière partie, l'incendie sur l'île d'Elbe) et moments au rythme moins échevelé.

Derrière une langue somme toute simple, Toussaint a écrit là un roman à l'architecture subtile qui en fait tout le charme.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}