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Critique de Lutin82


Les Guerres de Wees'har est une série explorant un registre susceptible de diviser les critiques : la « guerre » et ses soldats. L'éternelle question (tout comme la guerre) tournera autour de la qualification du récit: SF militariste (traduire par bas du front) ou SF militaire (lecture acceptable). Sans y plonger le nez, le thème et le quatrième de couverture le classent dans la lignée d'un Honor Harrington à la réputation « peu enviable »…

En effet, dès qu'un auteur s'attaque à ce vaste et délicat sujet, une partie de la critique a tendance à descendre le livre s'il ne dénonce pas avec force la guerre et les belligérants. Finalement, c'est un point de vue assez négatif qui m'a donnée envie de le lire car j'étais très agacée par les poncifs contenus. Bien m'en a pris.

Au premier rang des reproches, un génocide planétaire au nom de l'écologie. Effectivement, Karen Traviss a pris un parti assez tranché et visiblement osé. Sur la planète Cavanagh, Aras est un guerrier Wess'har redoutable en charge de la surveillance des colons humains survivants. Aras fait partie d'un race extra-terrestre très à cheval sur la préservation de l'environnement au point de régler le problème de façon radicale. Très radicale : élimination de toute la population d'une planète! Cela peut donc choquer ou agacer quelques sensibilités. le lecteur choisira d'y voir une attaque en règle mesquine, ou un danger potentiel liè à l'écoterrorisme. Personnellement, je ne considère pas Karen Traviss comme une visionnaire, et cependant, le fondamentalisme peut prendre de nombreuses formes. Par conséquence, les colons de la planète doivent être irréprochables sur ce point.C'est une problématique cruciale car ils sont pris entre les nécessités de la survie dans un environnement peu hospitalier, et les exigences intransigeantes des Wess'har. D'où l'envoi d'un officier environnemental, Shan Frakland.

Évidemment, l'écueil central dans la SF militaire/militariste est le traitement des conflits et des combattants. Il faut préciser que La cité de perle ne relate pas une guerre de grande envergure. Les personnages principaux, militaires de leur état, peuvent d'office parquer le roman dans la SF militariste, un sort potentiellement conforté par les scènes de violence. Karen Traviss connaît bien ces sujets et nous décrit des protagonistes qui sonnent justes, explorant leurs motivations, leurs valeurs et leur quotidien. Les personnalités sont complexes, avec parfois une touche d'ambivalence, surtout quand les situations se tendent. Frakland et Aras sont plutôt très réussis. Les interactions sont franches et viriles – ce qui peut chatouiller une fois encore quelques sensibilités – et pourtant très réalistes dans ce cadre martial. le stress subi par les divers personnages est bien rendu et l'ambiance souvent tendue même pour nous, simple lecteur. Nous apprenons comment les jeux politiques, la propagande et les inconséquences enclenchèrent cette crise, et la perte totale du contrôle des événements…

La description de cette civilisation extra-terrestre est intéressante et crédible. Karen Traviss nous la présente comme la première rencontre alien, avec toutes les hésitations, les incompréhensions, les maladresses auxquelles nous pouvons nous attendre. L'énergumène qui représente les Wess'har fait son effet ( Aras me fait penser au Predator…) et participe pleinement à notre découverte de cette culture « jusqu'au boutiste » dont la philosophie est plus élaborée que le simple anéantissement. S'agissant d'un premier tome, nous en poursuivrons la découverte dans les prochains romans.

L'intrigue est tout à fait prenante, et une fois les premières pages lues, il est difficile de ne pas aller jusqu'au bout. L'écriture est claire, le style agréable. Ce premier tome manque un peu de rythme sans que cela soit rédhibitoire. L'univers intéressant de Karen Traviss ne demande qu'à s'enrichir.

Pour être claire, j'ai aimé ce roman bien construit exposant des thèmes d'actualité, et un peu de testostérone bien distillée ne fait point de mal!
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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