AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Un auteur québecois, qui se trouvait depuis longtemps dans mes écrivains à découvrir. !..
Ce premier texte, très émouvant... mettant en scène un homme, enfermé tout jeune dans un asile...On le retrouve cinquante ans plus tard, libre [l'asile ayant été fermé] dans une petite maison, à proximité [grâce à la bienveillance d'un de ses médecins ]

Il conjure ses crises, et son mal-être par les médicaments et la peinture...il confie ses toiles à une galiériste, qui l'a pris en affection...En fait, il a été interné à la suite d'une agression envers sa mère, alors qu'il avait une vingtaine d'années... S'en est suivi un enfermement dans un asile, avec prise intensive de médicaments...jusqu'au jour où un psychiatre plus bienveillant lui conseillera de peindre pour juguler la venue de crises et de ses hallucinations... et se trouver un espace d'expression, rien quà lui !

Puis Il décide à 76 ans d'écrire un journal ... mais ce n'est pas une mince affaire de "se raconter"...Après sa familiarité avec la peinture, l'aquarelle... l'exercice des mots se révèle au début, peu aisé...et puis, Monsieur Marcel [comme on l'appelle ] finit par prendre un plaisir aussi intense avec la plume... qu'avec ses pinceaux...

Au quotidien, si il omet de prendre son traitement, des visions viennent le hanter , comme la présence de sa mère et de son chat, décédés...

Il peint avec délectation ses montagnes au milieu desquelles il a toujours vécu...et même la mer , qu'il imagine, ne l'ayant jamais approchée !...

" La mer, c'est un rêve. Je n'ai jamais vu la mer. (...)
J'imagine, j'invente un mer d'un bleu qui n'existe sans doute pas, toujours calme et apaisante, sans gros rouleaux, sans ressac, sans danger. Et chaude. J'aimerais que chaque personne qui regardera éventuellement
mon tableau ait envie de s'y baigner. Sous ce ciel infini. Et de ne jamais en ressortir. (p. 14)

Un roman très émotionnant d'une vie volée, qui me laisse toutefois...fort perplexe...je ne peux m'empêcher de songer à toutes les vies volées, amputées entre création et solitude absolue...

Je pense très fort à Robert Walser, Camille Claudel, et tant d'autres !.

Une rapide parenthèse...: les établissements psychiatriques au Québec... dans les années 50, ne semblaient pas mieux lotis qu'en France ...
L'anti-psychiatrie fera son apparition bien plus tard, dans les années 70 !

Le roman de Marcel, notre poète-aquarelliste est illustré, au demeurant... d'aquarelles...
Qui sont celles de qui ??? de l'auteur ?? Je ne sais....En tout cas, l'illustration de couverture , très réussie, est bien de Michel Tremblay...

La solitude, la folie, un homme à l'écart de toute vie sociale...avec des rêves, des élans, des questions sans réponse...Un beau texte...dérangeant !!

"Je n'aime pas qu'on me touche, le moindre frôlement me fait frémir, j'ai peur, oui j'ai peur, je l'avoue des contacts physiques. Parce qu'ils demandent un investissement, une implication dont je ne me sens pas digne ? "(...) Un mort-vivant qui n'a pas faim des autres. (p. 136)

J'attends la lecture d'un deuxième roman de Michel Tremblay... pour me faire une idée plus précise... là, je reste dans une sorte de perplexité, de frustration, de sentiment d'inachevé, de douleur inguérissable...et en même temps d'une certaine douce et terrible fatalité...qui domine certaines existences !

Un texte de qualité...qui me laisse cependant sur ma "faim" !!!
Commenter  J’apprécie          472



Ont apprécié cette critique (43)voir plus




{* *}