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Critique de berni_29


C'est l'été, Fabienne et Roland viennent d'arriver à Palavas-les-Flots où ils vont passer une semaine de vacances. Roland est quelqu'un de prévoyant. Tout est organisé à l'avance, noté dans le moindre détail dans son petit carnet, y compris les surprises. C'est réglé comme du papier à musique. Ils s'apprêtent à déposer leurs bagages à l'appartement, mais sont arrivés trop tôt. Alors, ils décident d'aller faire un tour sur le front de mer. Il y a beaucoup de vent. Et voilà, un drame va tout remettre en question... Soudain, Fabienne se retrouve seule...
Choc, sidération, déni... ? Contre toute attente, Fabienne décide de rester passer la semaine comme prévu en suivant étape après étape le programme qu'avait préparé Roland...
Je vais rester est une chronique douce-amère. J'ai été totalement captivé par ce roman graphique. Il m'a surpris par son ton à la fois classique et légèrement décalé. Derrière le drame il y a la légèreté, une douceur, un-je-ne-sais-quoi de lancinant. Le scénario tout en retenue écrit par Lewis Trondheim se mêle avec harmonie au dessin lumineux et délicat de Hubert Chevillard.
C'est une déambulation un peu lunaire, une errance, celle de Fabienne dans l'histoire que lui avait préparée Roland. On ne sait pas trop ce qu'elle pense, d'elle-même, de Roland, de son couple, de cette semaine qui aurait pu se vivre à deux... Nous non plus, nous ne savons pas trop ce qu'il y a derrière le visage mutique de Fabienne durant cette semaine. Elle semble dénuée de toute émotion après ce qui s'est passé. Mais peut-être que cela n'a pas d'importance. Peut-être que tout cela est juste une façade... Peut-être que ce calepin de Roland où tout est noté est comme un rempart, un sas de décompression, une rampe où s'accrocher, oublier provisoirement la mort de l'autre, une manière de cheminer encore un peu sur le fil léger et désinvolte des choses, avant de reprendre pied dans la vraie vie...
Les personnages semblent flotter dans le récit, comme s'ils tanguaient parfois un peu. Il y a de l'élégance dans ce mouvement, dans le trait du dessin, dans les couleurs. Une sorte d'abandon. Fabienne se laisse porter par le carnet de Roland qui a tout prévu. Elle avance en quelque sorte dans ses pas...
Et puis, il y a cette rencontre insolite avec Paco, un commerçant de la station balnéaire. J'ai adoré Paco, drôle de bonhomme un peu farfelu, bienveillant aussi, totalement intrigué par Fabienne.
Il ne se passe rien, presque rien dans ce récit, et pourtant cette histoire m'a pris la main dans cette tranche de vie ordinaire et douloureuse, où les silences et les visages en disent long, où les images sont solaires, disant la vie dans les non-dits...
Ce roman graphique est une réussite que je vous invite à découvrir.
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