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Critique de Athenapan


Nous voilà aux côtés de Galsan qui nous raconte son enfance dans le Haut-Altaï. Une existence rude et exigeante, surtout pour un petit garçon à qui il plairait de jouer toute la journée. Mais chez les Touvas, les plus petits apprennent rapidement en observant leurs aînés. Ils accomplissent les tâches quotidiennes les plus élémentaires du haut de leurs compétences.

Galsan est très proche de sa « grand-mère rasée » si chère à son coeur, qui l'élève chaque jour sans même s'en rendre compte. Il va apprendre à grandir au milieu de traditions séculaires, celle de son peuple, entre les troupeaux, les hivers de plus en plus ardus, les croyances et les esprits, les jalousies et les rancunes entre les familles, et sa grand-mère incomparable et irremplaçable.

Mais plus les années passent, plus de nombreuses questions l'assaillent. Pourquoi tout les enfants ne vont pas à l'école ? Pourquoi son père semble-t-il résigné ainsi ? Pourquoi les choses, soudain ont-elles l'air de changer ? Jamais les rêves de réussite et de félicité n'avaient paru si vains…

Au lieu de jouer et de se divertir, il faut veiller et gérer le troupeau. La peur des loups et des aigles le suivent comme une ombre.

Le lien profond et unique que Galsan ressent pour son chien Arsylang va lui permettre de toujours se sentir protégé et compris. Il a trouvé en lui un compagnon de route, un confident dans les yeux duquel il peut lire comme dans un livre ouvert.

L'importance des sens est omniprésente tout au long des pages. Son émergence la plus surprenante concerne l'odorat. Les gens se reniflent, doivent sentir l'odeur singulière qui caractérise chacun pour mieux s'en imprégner.

Le rapport aux bêtes apparaît parfois comme des plus étranges. Un certain mépris surgit de temps à autre envers les chiens ou les chevaux, sans raison valable, et cela est d'autant plus choquant que l'entièreté de leur existence dépend des animaux. Lorsque Galsan se permet de dire qu'il n'humiliera pas son cheval et qu'il lui maintiendra son respect, cela sous-entend qu'il aurait pu en être bien autrement. Cette espèce d'orgueil mal placé, cette hiérarchie envers les bêtes pourtant indispensables est des plus méprisables. Incompréhensible. Sans parler des jets de pierres à Arsylang qui semblent ne déranger personne outre mesure.
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le lien avec le peuple inuit qui n'use de ses chiens de traîneau que comme de vulgaires outils.

Les responsabilités échues à Galsan sont très lourdes à porter pour un enfant. Il se sent responsable non seulement de son troupeau, d'Arsylang, mais également de ses parents qui ont tant besoin de lui.

Les Touvas vivent avec, pour et grâce à la Nature. Mais tout ce qu'elle prodigue, tout ce qu'elle offre généreusement, la Nature peut le reprendre aisément en un seul coup d'éclat.

Comme toute vie tournée autour du labeur, le quotidien des Touvas reste éprouvant, même s'il est vécu ainsi depuis toujours. Une maladie, une tempête, et tout peut disparaître.

Cet univers particulièrement singulier dans lequel Galsan Tschinag nous plonge est une véritable expérience culturelle. Une immersion si loin de nos vies citadines, et pourtant, les préoccupations les plus profondes, les plus cruciales restent toujours les mêmes. le lien à la famille, à la réputation, à l'économie, à l'éducation… l'importance de respecter la Nature qui nous entoure et à qui l'on demande toujours plus…

Monsieur Tschinag signe un ouvrage intime, courageux, authentique et éprouvant. On ne ressort pas totalement indemne de cette lecture.
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