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Critique de Ingannmic


S'inspirant de sa propre expérience, l'auteur, qui fut dans sa jeunesse un "vagabond du rail", revient sur la période de sa vie où le hasard des rencontres l'amena à travailler comme assistant de ménagerie dans un cirque. C'était dans les années 20, il crevait alors de faim et de misère, mais avec le recul, il regretterait presque cette vie aventureuse, libre et sauvage, où chaque matin s'ouvrait sur nouveau monde, avec tant d'histoires à raconter...

Il raconte, donc. L'itinérance et ses aléas, la rudesse frugale et travailleuse du quotidien, les couches pleines de vermine, les affrontements avec "les ploucs" -les habitants des villes- devenant parfois très agressifs lorsqu'ils comprenaient que le caissier les avait roulés...

Et surtout il raconte ceux qui composaient cette Cour des Miracles nomade, ce monde grouillant peuplé de figures souvent touchantes, dont ces "suiveurs" qui s'ajoutaient à la population des employés du cirque : mendiants, culs-de jatte, faux aveugles, poètes..., accompagnant tout événement attirant les foules et gagnant leur vie "aux dépens des gens".

Il rend ensuite plus particulièrement hommage à certains des artistes qu'il a côtoyés, dont il dresse d'émouvants et truculents portraits. Parmi eux, la Femme Forte, capable de soulever onze hommes à la fois, et dont les cent quatre-vingt kilos enrobaient la douceur d'une peau de bébé et la générosité d'un coeur en quête éperdue d'amour, la magnifique Cheveux de Mousse, à l'existence "vide comme une tombe sans locataire", ou encore Goosey, le dresseur qui comprenait même les silences de ses éléphants...

Il évoque les amitiés qu'il noua avec Bouton de Rose, le percussionniste efféminé, ou Jock, un ancien jockey "ayant connu plusieurs fois l'enfer"...

Cette troupe éclectique faisait tourner le cirque tant bien que mal sous la direction de Cameron, patron d'une avidité maladive, entouré d'acolytes aux patronymes évocateurs -"Finnerty la Massue", "Haley le Gorille"-, transformant les jours de paie en combats sans cesse renouvelés pour tenter d'obtenir en temps et en heure les maigres salaires pourtant dus.

Il émane de "Circus parade" l'énergie vitale de ceux qui, confrontés à la brutalité et à l'iniquité du monde, ainsi qu'à la certitude que la mort peut survenir à tout moment, sont aussi prompts au rire qu'à la bagarre. A l'image de cet univers sans pitié et de la société non moins cruelle -il y est encore banal de lyncher un noir- qui l'entoure, le récit est cru, violent, et en même temps très émouvant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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