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Critique de Rickola


Comme je l'ai dit dans mon billet sur Créatures Fantastiques, le manga animalier est en force actuellement puisqu'en plus de celui-ci et Beastars, on a droit à une autre nouvelle série (qui sera en 11 tomes) sur le sujet avec Elin la chameuse de bêtes. Il s'agit d'une adaptation de roman écrit à l'origine par Nahoko Uehashi, et le manga est de Itoe Takemoto. de quoi parle donc ce manga qu'on doit aux éditions Pika ?

Elin mène une vie tranquille aux côtés de sa mère dans un village qui a pour mission d'élever des Tôda, des dragons-serpents de combat utilisés pour la protection du royaume. Mais Soyon, brillante soigneuse de ces dangereuses créatures, empêche sa fille de les approcher malgré sa fascination pour elles…

Jusqu'au jour où un drame va bouleverser leur vie et le destin tissera un lien inéluctable entre Elin et les bêtes sacrées !

Ce résumé est peut-être un peu cryptique, mais en gros, il faut se dire que dans l'univers qui est dépeint ici, il existe des créatures imaginaires dont font partie les Tôda, qui sont utilisés pour la guerre. Elin et sa mère viennent d'une tribu nommée les Ahlyo dont on va déjà apprendre certaines choses dans ce premier tome (mais je ne spoilerai pas). Comme l'indique le résumé, les Tôda du village vont tous mourir et c'est forcément leur soigneuse qui va être considérée comme responsable. Ainsi, la mère de Elin va être condamnée à mort, ce qui signera le départ de sa fille et le début de son aventure qui va, on peut le supposer, l'amener à reconsidérer sa vision du monde et découvrir qui elle est. On troque donc la douceur de Créatures Fantastiques contre une dureté et une violence évidente.

Mais au-delà de ce postulat de base, ce qui m'a intéressé en particulier, en tant qu'amoureux des animaux, c'est justement le traitement de cette thématique. de ce point de vue, j'ai beaucoup aimé le travail sur le personnage de Soyon, la mère de Elin. On la voit dans le premier chapitre utiliser un sifflet pour calmer un Tôda. Elle explique que rien d'autre ne peut les calmer, que ce sont des bêtes sauvages et qu'elle ne doivent jamais être apprivoisées. Plus tard, elle explique à sa fille que les Tôda qu'ils asservissent s'affaiblissent de jour en jour et que cela la rend malheureuse, car ils devraient pouvoir décider de leur destin. Il semblerait d'ailleurs que ce soit la vie en captivité qui les condamne finalement. Ce point m'a vraiment plu car si l'on joue le jeu de la transposition dans notre réalité, c'est assez éloquent sur le point de vue de l'auteur concernant le fait que l'on asservisse des animaux (alors qu'à l'origine, tous les animaux sont sauvages). Et l'affaiblissement dû à la captivité me fait penser aux animaux d'élevage et à leur santé plus fragile (sans parler des animaux créés par le biais de croisement de race qui finissent par avoir des problèmes de santé fréquents).

Un autre élément intéressant concernant la thématique animalière vient du dernier chapitre. Après avoir fui suite à la condamnation de sa mère, Elin est retrouvée par un apiculteur et va l'accompagner dans ses ruches. C'est l'occasion d'un exposé documenté sur le sujet, afin d'être authentique dans la façon de dépeindre le travail de l'apiculteur, et un détail m'a fait tiquer. Il explique qu'il coupe en partie les ailes des reines abeilles pour qu'elles ne puissent pas partir trop loin. Il rajoute que ça lui fait mal au coeur mais qu'il est obligé puisque c'est son gagne pain. Je ne pense pas que l'auteur cherche à faire un jugement de valeur sur ce point, mais je ne peux malgré tout m'empêcher de voir dans ce constat le rappel que l'homme a en effet cette capacité à aimer les animaux tout en leur faisant du mal pour son propre profit. Ainsi, ce point m'a aussi beaucoup intéressé et parlé.

Cependant, il ne faut pas oublier que l'on est dans un tome introductif et que les thématiques tout comme l'univers ne sont que présentés ici. Mais tout est clairement introduit et les bases posées sont séduisantes et donnent envie de voir quels développements suivront.

Pour finir, un petit mot concernant l'aspect graphique du tome. Alors que je suis séduit par l'écriture, je dois avouer que visuellement, je suis un peu resté sur ma faim. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est laid, mais c'est assez quelconque. Je trouve que les visages des personnages, bien que corrects, auraient pu être plus beaux, et les décors sont trop souvent dépouillés. Cependant, les Tôda sont très réussis ce qui donne envie de voir quelles autres bêtes le manga va nous proposer.

En résumé, ce premier tome de Elin la charmeuse de bêtes nous plonge tout de suite dans son univers brutal et dur. L'héroïne est présentée efficacement et on imagine déjà qu'une forte évolution va arriver chez elle au fil des tomes. La thématique animalière propose déjà des pistes intéressantes qui ne demandent qu'à être étoffées. Et l'intrigue en elle-même pose déjà plusieurs questions auxquelles on souhaite avoir les réponses. Une introduction tout à fait réussie en somme pour ce qui est de l'écriture. Malheureusement, d'un point de vue graphique, je suis moins conquis, mais cela n'empêche pas à la lecture d'être de qualité. Je serai donc au rendez-vous pour le tome suivant en espérant que le développement de tous les éléments posés ici soit à la hauteur.
Lien : https://apprentiotaku.wordpr..
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