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Critique de 5Arabella



1) La couronne / traduit par E. Avenard
2) La maîtresse de Husaby / traduit par E. Avenard
3) La croix / traduit par T. Hammar et M. Metzger


Cette immense fresque composée de trois romans nous entraîne en Norvège au XIV siècle et nous conte la vie de Kristin, dès ses premiers souvenirs d'enfance jusqu'à sa mort. Elle est la fille aînée d'un riche propriétaire terrien, mi grand seigneur, et mi paysan. Un très grand amour uni Kristin, à Lavrans son père, en qui elle voit une sorte d'idéal absolu, impossible à dépasser, et qui va lui servir d'aune durant toute sa vie pour juger le bien et le mal.

Mais elle va trahir ce père, et fuir l'avenir sûr qu'il lui a préparé au côté du fiancé qu'il lui a choisi, le sage et bon Simon. le deuxième grand amour de sa vie, après son père, ce sera Erlend, le noble et beau Erlend, terriblement séduisant, mais irresponsable et irréfléchi, l'éternel adolescent charmeur qui semble attirer les ennuis. Lui et Kristin vont se marier et surtout vivre un grand amour passion, plein d'orages et de discordes, aussi incapables de vivre ensemble, que de vivre l'un sans l'autre, et surtout avec quelqu'un d'autre. Il y aura leurs nombreux enfants, leurs divers parents, les désastreuses menées politiques d'Erlend, la vie quotidienne à la ferme seigneuriale, la vie de cour. Toutes les joies et les peines d'une vie, riche et intense, d'une personnalité hors du commun. Kristin est une femme dotée d'une très forte personnalité, complexe, et contradictoire parfois. Pleine de douceur, généreuse, intelligente, pétrie de bons sens, mais à d'autres moments colérique, impétueuse, rancunière et mesquine.

Et tous les autres personnages sont aussi riches et attachants, aucun n'est ni tout blanc ni tout noir, ils ont leurs zones d'ombres et de lumières. Ils sont très nombreux, impossible de les citer même partiellement. J'ai une tendresse particulière pour Aashild, la tante d'Erlend, jadis mariée à un homme riche et puissant, qu'elle a selon la rumeur populaire assassiné, pour suivre son jeune amant. Elle a en tous les cas abandonné ses enfants pour se marier avec ce Bjoern, et vivre avec lui dans la pauvreté sur un petit domaine. Soupçonnée de sorcellerie, c'est vers elle que les gens se tournent lorsque les prières ne suffisent plus. Elle a gardé le maintient et les manières d'une grande dame.

Tout cela en plein moyen-âge, avec la prédominance de la religion, qui n'a pourtant pas encore réussi complètement à éradiquer toutes les croyances et pratiques ancestrales, vers lesquelles les gens se tournent quand le malheur rôde. En arrière fond les événements historiques de l'époque, les rois dont Erlend est un lointain parent comme personnages secondaires. Mais ce n'est pas le plus prégnant dans ces romans, le plus essentiel sont la vie quotidienne et le ressenti des gens, et ceux-là ont peu changés dans les siècles qui nous séparent des personnages de Kristin Lavransdatter, même si les façons de vivre, de manger, de se vêtir ou autres détails de la vie de tous les jours, que Sigrid Undset restitue d'une façon très précise et très vivante, ont beaucoup varié quand à eux.

Ces livres sont extrêmement romanesques, il se passe tout le temps pleins de choses, entre complots politiques, rixes, morts d'hommes, maladies, enlèvements, très faciles et agréables à lire. le style de Sigrid Undset est fait de sobriété et de mesure, plutôt que de nous dépeindre avec force adjectifs la personnalité de tel ou de tel, elle nous décrit brièvement un acte du personnage, et nous le montre en quelque sorte sur le vif. C'est concis et frappant, comme certaines vieilles sagas, Sigrid Undset en a d'ailleurs traduit certaines.

On ne s'ennuie pas un instant, malgré la longueur du texte, mais en même temps, l'auteur pose plein de questions capitales, auxquelles elle ne répond d'ailleurs pas forcement, et surtout pas de façon univoque. Une oeuvre d'une grande richesse qu'une seule lecture ne saurait épuiser.
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