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Critique de Sharon


le constat se répète : j'éprouve des difficultés avec la littérature norvégienne. Ma consolation est qu'il me reste beaucoup d'auteurs à découvrir, et j'espère que leur lecture modifiera cet état de fait.
Le roman a été publié en 1936 et, comme j'ai lu un roman de littérature jeunesse qui se déroulait en 1936 en France, je ne puis que tracer le parallèle entre les deux pays. En France, 1936 est le symbole de la semaine de quarante heures et des congés payés. En Norvège, les féministes ont déjà combattu et obtenu des changements significatifs, même si ceux-ci ne sont considérés que comme provisoires. Nathalie est la femme fidèle du titre. Tout le monde est raconté de son point de vue. Bien que mariée, elle est rendue indépendante par son travail. Elle et son mari ont des centres d'intérêts différents, partent en vacances séparément, le plus naturellement du monde. Ce dernier point m'a cependant semblé en contradiction avec l'amour qu'ils disent éprouver mutuellement - pourquoi partir en vacances séparément alors qu'ils pourraient profiter de moments qui leur appartiennent entièrement ?
Nathalie et Sigrud forment un couple aisé, les autres membres de la famille ne sont pas non plus dans le besoin. La mère de Nathalie, ardente militante féministe, donnait même des conférences, quand elle ne se disputait pas violemment avec son mari - cet amour orageux leur a permis de passer toute leur vie ensemble. Tout est plus trouble dès que l'on aborde la famille de Sigurd : son père s'est suicidé, sa mère est morte de la tuberculose en soignant sa fille, elle-même emportée par la maladie, sa première belle-soeur est internée. J'ai eu l'impression non de me trouver en face de non-dits, mais de rester en dehors du récit parce que les personnages disposaient d'un savoir commun, implicite, qui n'était pas partagé avec le lecteur.
Le thème principal est l'amour conjugual. Soit. Comme le titre le suggère, le bonheur conjugual repose avant tout sur la femme, si possible la femme au foyer, qui prend soin de son mari et le soulage de tout soucis. Nathalie travaille, certes, mais elle préfère soigneusement le repas de son mari, plie et range soingeusement ses affaires, aucun soucis ne ternit leur quotidien. Nathalie a un caractère égal, ce qui explique la sérénité de leurs seize années d'union.
Rien n'est si simple. Ce qui semblait être, aux yeux de Nathalie, un mariage réussi, ne l'était pas. Nathalie était une jeune fille des villes, Sigurd un jeune homme de la campagne - leur éducation fut très différente. Modernité : Nathalie tient pour acquis que chaque personne a un "rêve", un fantasme de bonheur et qu'il cherchera à l'accomplir. Elle a cru être le sien, elle se fourvoyait. Poids des traditions (bien que ce constat soit toujours accusé de causer l'échec de certaines unions) : Sigurd ne supportait pas de ne pas être le chef, le protecteur de sa femme. Il ne supportait pas de ne pas être le chef de famille, puisqu'aucun enfant ne leur était né. Il a rencontré, de manière très banale, une jeune fille qui avait besoin de sa protection et à qui il a fait un enfant. le combat entre tradition et modernité est sous-jacent. Si Nathalie porte le costume traditionnel norvégien par plaisir et parce qu'il lui rappelle de bons moments passés avec Sigurd, si elle est athée, il n'en est pas de même pour Anne sa rivale, dont les parents n'acepteront jamais qu'elle se marie avec un homme divorcé.Anne est destinée à devenir "une de ces femmes paisibles de la campagne" et à reprendre la ferme familliale.
Anne. Ce prénom joue un rôle et fait partie de ces informations implicites. Anne était le prénom de la mère et de la soeur de Sigurd, et le fait qu'il trompe sa femme avec une toute jeune Anne ne doit rien au hasard, il cherche à travers elle les figures des femmes aimées, si différentes de Nathalie et si rassurantes. Les morts sont nombreuses dans ce roman et n'étonnent personne, la mortalité infantile ou maternelle m'a semblée élevée. Il s'agit là d'un reflet de la réalité, bien sûr, cependant, surtout vers la fin du roman, j'ai trouvé que certains décès étaient bien commodes pour le développement de l'intrigue.
Si je n'ai pas apprécié ce livre (contrairement aux autres livres que j'ai lu pour le challenge des Nobel), je reconnais qu'il m'a fait m'interroger sur les notions de fidélité et d'amour telles que l'entendait Sigrid Undset.
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