A quarante ans, et sans faire aucun acte politique, il fut élu gouverneur du Guainia grâce à la campagne paramilitaire. Le vote ou le plomb. Dès lors, associé aux narcotraficants mineurs et protégé par l'Etat, il avait déclenché une guerre sans précédent et réussi à coincer la guérilla dans les forêts du sud (...)
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Dans la forêt, peu importait qui elle était, d'où elle venait et ce qu'elle avait eu avant d'arriver. Pas plus que n'importait ce qu'elle ferait ou arrêterait de faire sous ses arbres. Elle pouvait mourir et la forêt s'en moquerait. Elle pouvait soigner trente personnes et cela ne changerait en rien le poids absolu de la jungle. Elle pouvait avoir des discussions politiques, des principes moraux, des souvenirs, une personnalité, des intérêts, des désirs, mais pour la forêt elle ne serait rien qu'un être minuscule qui respirait. Un de plus, davantage vulnérable que les autres.
(Traduction libre du texte original p. 79)
Après avoir commercé pendant quinze ans sur la rivière, le batelier croyait avoir tout vu. Des poitrines arrachées par du gros calibre, des hommes qui respirent à travers leurs blessures, des coupures à la machette au visage. Rien ne l'avait préparé à ce qu'il affronta dans ces villages. A ces cinq enfants morts de faim. Dans leurs hamacs, en différentes positions, les extrémités toujours telles à des petits morceaux de bois prêts à se briser et les mains très ouvertes et des yeux paniqués dans les visages, comme si avant de partir ils avaient du écouter l'aigu éclat de rire de la mort.
(traduction libre du contributeur p. 75)
Il avait passé quatre mois dans ce port et vivait maintenant à Manaos, dans l'Amazonie brésilienne. Au milieu d'une phrase, Eva sentit que, comme dans une télénovela, son destin se manifestait à ce moment là. Peut-être que ce qui pouvait la guérir de l'ennui de Bogota, de ce vide qui ne se remplissait avec rien, de ce froid qui la dévorait de l'intérieur, c'était la forêt.
(Traduction libre du contributeur, p. 55)
Ils allèrent à une discothèque pour les très jeunes au dernier étage d'un gratte-ciel, recommandée par un autre aspirant-médecin, et c'est là qu'Eva est devenue dingue. (...) Au lieu d'acides on lui avait vendu une drogue stimulante capable de faire en sorte que le consommateur oublie qui il était et où il se trouvait. Un cachet jaune qui donna d'abord à Eva l'impression d'une poussée jamais ressentie, qui la fait presque sauter depuis la fenêtre de la discothèque pour montrer qu'elle pouvait voler, et ensuite une paranoïa comme jamais elle n'en avait ressenti.
Traduction libre du contributeur p. 27