Un livre pour les amateurs d'art : il s'articule autour de deux portraits de peintres, Pollock et Warhol – chacun présent à travers son double fictionnel. C'est une réflexion sur le destin de l'artiste et sur l'art, sur son rapport à la durée, à l'argent, au succès, à l'existence bourgeoise.
A mes yeux c'est bien écrit, Updike raconte et expose en fin connaisseur. Une certaine virtuosité : l'habileté de mettre des mots même là où cela semble se dérober à l'analyse.
La construction fondée sur le contraste fonctionne à merveille : le contraste entre les deux peintres évoqués ; le contraste entre les deux femmes, l'une qui interroge et l'autre qui se prête au jeu.
Tu chercheras mon visage. Seek my face en VO : une citation des Psaumes en exergue. Je la vois comme une allusion à la quête de tout artiste. Quête d'absolu, de sa propre voie, de la perfection …
‘Vous parlez à mon coeur et dites : Cherche mon visage.
Votre visage, Seigneur, je le chercherai.' [ Psaume 27 ]
La succession même des personnages signifie pour moi l'art du XXème siècle : au début un artiste en quête d'absolu, ensuite un artiste qui ramène l'art dans la sphère du banal et du mercantile ; après quelques insignifiants soubresauts, l'art s'épuise, entre en scène l'archéologue, autrement dit le collectionneur.
Une réserve : à mes yeux une overdose psychologisante sur la première moitié.
J'ai aimé un des romans d'Updike,
Rabbit est riche, pour son côté chronique sociale. Ici j'ai découvert tout un autre registre.