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Critique de Eleusis


Le Fouet vivant a été publié en 1927. Difficile pourtant de lui donner un âge, à ce livre. Il apparaît en effet singulièrement vivant et neuf. La langue y est particulièrement belle, pétrie d'images et de métaphores qui, loin de rendre l'ensemble pédant ou lointain, nous rivent plus que l'on ne voudrait au réel subi par les personnages. Mais de quoi traite ce livre ? me demandez-vous. le Fouet vivant nous conte les bouleversements qui secouent le village de Ráztoky, alors que survient la première Guerre Mondiale. Milo Urban nous dépeint ainsi un autre visage de la guerre, loin des tranchées dont on ne fait que deviner l'horreur à l'instar des paysans coincés chez eux. C'est une vie complètement différente que ce que le village a toujours connu, où les femmes s'échinent à travailler la terre sans leurs pères, frères et maris, dans l'espoir de pouvoir tirer de leurs champs assez pour se nourrir tout l'hiver. Ils se trouvent bientôt exploités par l'officiel du coin, pillés par les militaires chargés de maintenir l'ordre et sermonnés par le vicaire qui, en bon chrétien qui hait le péché, a fini aussi par haïr les hommes.

Mais on ne compatit avec le sort des villageois qu'un temps : loin de présenter une vision idéalisée d'un peuple opprimé qui prend conscience de ses chaînes, Milo Urban dénonce également l'hypocrisie et la mauvaise foi des habitants de Ráztoky, qui vont condamner l'un et pardonner à l'autre pour une même faute ; et qui vont longtemps grincer des dents contre l'oppression sans trouver les moyens pour agir. Ce n'est pas une condamnation franche, qui ne serait là que pour servir la satire la plus noire possible : on nous fait comprendre pourquoi le villageois lambda réagit ainsi, et l'auteur ne tombe jamais dans le tort du vicaire, qui méprise tous les hommes sans voir ses propres travers. C'est ce qui fait le force de ce roman : la fresque peinte par Milo Urban est certes sombre, peut-être même tâchée de rouge à certains endroits, mais elle est humaine et sans caricature. L'histoire n'est pas exempte de personnages attachants, et on suit avec intérêt les aventures désastreuses du couple Hlavaj, ou de la vieille Ilčička et de son fils.

Le roman connut un grand succès à l'époque mais, la préface nous le rappelle, fut inscrit sur la liste des livres à brûler pour les Nazis et interdit par le parti communiste jusqu'en 1957, avant de devenir un classique. le peuple de Ráztoky se libèrera-t-il des jougs qui pèsent sur lui ? Je ne saurai trop vous inviter à lire le Fouet vivant pour l'apprendre par-vous-mêmes.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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