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Critique de sarahauger


Tout du long, nous allons voir les faits avec les yeux de Ava qui nous livre son journal en témoignage de ce qu'est devenue son quotidien.
Ava qui s'était construit une petite vie tranquille, loin des problèmes, sans anicroche voit un événement dramatique tout faire basculer du jour au lendemain.
Son existante devient chaos et incompréhension.

À plusieurs reprises, une pointe de frustration m'a envahie de n'avoir que son point de vue. Elle nous livre des informations et puis, sa vie avance et on y revient plus du tout. Aucun moyen de savoir ce qu'il advient des personnes qui ont pu gravier autour d'elle à un moment ou à un autre. C'est un peu comme si on entrait dans sa tête pour ne plus voir qu'à travers elle. Plus rien n'existe si elle ne porte pas son regard dessus.
Et en même temps, ça rend les choses tellement plus réalistes et intenses qu'on y gagne grandement. J'ai eu l'impression de devenir Ava, de ressentir ses émotions. C'est sûrement ce qui fait qu'elles passent aussi bien et sont tellement puissantes. On la voit s'effondrer sans rien pouvoir faire, peine, désespoir, dépression, folie, auto destruction... Jusqu'où va-t-elle plonger avant de réagir ? Des événements m'ont donné l'impression qu'elle avait touché le fond, que le coup de grâce venait d'être porté et qu'elle allait enfin réussir à rebondir, et finalement non, elle réussit à tomber encore plus bas.
Il y a des passage durs, violents moralement, des moments où le rejet est difficile à supporter, où moi-même j'ai eu le sentiment de vivre les mêmes douleurs, de l'accompagner dans sa peine. Plus d'une fois, j'ai souffert avec Ava, plus d'une fois, j'ai pleuré avec elle.

Page après page, les sentiments qu'Ava m'inspirent évoluent. Dans un premier temps, l'empathie m'envahit devant tant de malchance et de révélations malheureuses accumulées. Quoi de plus normal qu'une personne qui s'effondre quand le sort semble prendre un malin plaisir à s'attaquer à sa vie et mettre en miette tout ce sur quoi elle pensait, à tort, pouvoir compter ? Souvent, j'ai eu envie de la serrer dans mes bras et de la consoler. Tant de malheurs sur une même personne en si peu de temps, c'est presque de l'acharnement. On a envie de lui demander ce qu'elle a bien pu faire au bon Dieu pour qu'il insiste ainsi sur sa petite personne. Alors, forcément, elle attire ma sympathie. Et puis Wendall nous livre aussi des éléments sur son enfance, on comprend les failles qu'elle se trimballe, et ça, moi, ça me touche beaucoup.

Petit à petit, mon ressenti évolut. Pour des raisons évidentes, je n'en parlerai pas. Si vous voulez en savoir plus je vous invite à lire l'histoire d'Ava.
Je n'en peux plus de la voir simple spectatrice de sa propre vie, j'aimerais la voir se ressaisir. Tout l'effleure, rien ne semble pouvoir la toucher tant que ça n'a pas un lien avec sa propre tristesse. Elle se renferme sur elle-même, vit tournée vers son malheur.
Arrive un moment où elle me laisse de marbre. J'aurai envie de la secouer, d'être désagréable envers elle pour la faire réagir. Elle me devient presque antipathique, elle m'agace. Figée dans son chagrin, elle passe trop de temps à s'apitoyer sur son sort et oublie tout le reste.

Mais peut-on quantifier la souffrance ? Y a-t-il des douleurs plus fortes, plus compréhensibles que d'autres ? Chaque ressenti est soumis au vécu de la personne concernée. Tout à coup Ava semble découvrir, elle qui jusque-là a mené une vie protégée, qu'il existe de la misère en ce monde. Dois-je vraiment considérer que sa peine est moins importante, moins louable que celle des millions de personnes qui souffrent au quotidien juste parce qu'en apparence elle a tout pour être heureuse ?
J'ai eu par moment tendance à juger Ava, mais rien n'est aussi simple. Elle qui a toujours été choyée, protégée, découvre tout à coup que la vie peut s'avérer cruelle alors qu'elle ne possède aucune arme pour y faire face. du coup, évidemment, elle sombre, c'est inéluctable, elle se trouve dans l'incapacité de prendre les bonnes décisions. Doit-on pour autant l'en blâmer ?

La magie d'une rencontre pleine de fraicheur, de spontanéité, de franc parler, la fait évoluer et mes sentiments avec. Elle parvient de nouveau à m'émouvoir, me toucher par le biais de cette personne que pourtant la vie n'a pas épargnée non plus. Ou peut-être justement pour cette raison et son approche de la vie ?

L'amour est un sujet qui n'est pas aussi simple qu'il parait. Est-on sûr d'aimer ? D'être aimé en retour ? Cet « amour » est-il né pour de « bonnes raisons » ? Y-a-t-il au moins de bonne raisons d'aimer ?
Et puis, il peut revêtir plusieurs formes. Que serait-on prêt à faire par amour ? Cet acte serait-il perçu comme on le souhaite par celui à qui il s'adresse ?
Un simple grain de sable dans l'engrenage et c'est tous les rouages qui peuvent être faussés. Un non-dit, une expérience traumatisante et la fragilité apparait. On peut ne plus être en capacité d'exprimer son amour, avoir peur de le montrer ou pire, d'en éprouver.
L'amour et la capacité à pardonner sont le ciment de toute relation vraie. Il faut une sacrée force de caractère, une grande empathie, des bases solides pour être capable de pardonner à soi-même ou aux autres quelques soient les épreuves traversées.
Tous le monde ne possède pas cette capacité. En serais-je moi-même capable ? Je pense qu'on ne peut connaitre cette réponse que si l'occasion se présente, se pardonner à soi-même est peut-être une des choses les plus difficiles qui soient.

Le bonheur, à quoi ça tient ? de quoi se compose t'il ? Plus matériel pour les uns que les autres, plus centré sur de petites choses. Ce qui marche pour l'un ne fonctionne pas pour l'autre. Petits bonheurs, grandes attentions, il en faut pour tous, mais sait-on encore se contenter de ce qui se trouve à notre portée, de ce qu'on possède ?

Le final comme une apothéose me fait vider des tonnes de larmes, tristesse, joie, tristesse se mêlent à n'en plus finir. J'ai rarement autant été submergée par mes émotions lors d'une lecture. Elles m'ont tenues en haleine un long moment tant elles étaient intenses.
D'autant plus que la fin est … enfin lisez et vous comprendrez.
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