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Critique de LadyMeredith


Sans doute qu'après avoir lu des dizaines de livres aux pages plus horribles les unes que les autres mon seuil de tolérance au monstrueux, au glauque, au pervers s'est nettement modifié, voire élargi. Et sans doute attendais-je aussi beaucoup de cet objet littéraire non identifié dont les excellents teasers avaient titillé ma curiosité retorse.
Pour autant, je ressors perplexe de cette lecture dérangeante. Je ne saurais nier l'audace du projet, dont le mystérieux auteur a entrepris l'écriture. le tableau clinique qu'il dresse de ce trouble de la personnalité qu'est la schizotypie est criant de véracité et conforme en tous points avec la description et le diagnostique qu'en donne le DSM5 : masque social, absence d'affect, isolement social, croyances erronées, paranoïa, sociopathologie, et comorbidités comme les polyaddictions,...
Le livre, dont je ne sais si je dois le nommer « roman », « autofiction », « témoignage », ou autre, enchevêtre deux temporalités qui alternent régulièrement et apportent l'une sur l'autre des éclairages intéressants : le présent qui amène le naufrage dans la psychose et le passé, longue et minutieuse anamnèse, succession de points de non-retour et prise du pouvoir des vermines éponymes. La description du passé représente pour moi, la partie la plus aboutie et la plus captivante, celle où la nosographie décrit finement les pulsions masochistes autant que sadiques, l'apparition du fétichisme, celle qui montre la perte progressive d'ancrage dans la réalité, la reconstruction, selon une interprétation biaisée et signifiante pour le personnage, de situations lambda, la montée en puissance d'une croyance mégalomane en des pouvoirs magiques exceptionnels lui permettant d'agir en pensée sur son environnement, de contrôler les personnes, enfin le parasitage de la vérité et le travestissement des résistances d'autrui comme des consentements tacites à ses propres lubies.
Il apparaît, finalement, dans cette sombre confession, que le personnage est sa première victime et son principal bourreau.
Pour crue et sans concession que soit l'écriture expérimentale de Mantis V. et malgré le récit à la première personne et au présent de l'indicatif, je n'ai, malheureusement ou heureusement, pas sombré dans l'identification malsaine et me suis contentée de regarder cette décomposition psychique et physique de loin, parfois même un peu lassée de l'aspect répétitif des fantasmes fétichistes et sadiques et les passages à l'acte spiralaires jusqu'au dénouement. Amoral. Evidemment.
Une fin qui n'en est pas une, Un étalage assez brut de tortures aux exhalaisons viciées de snuff movie qui ne m'a rie apporté de plus qu'un vague dégoût comme devant un film d'horreur des années 90, me rappelant certains passages un peu lourds de American Psycho, dans l'abondance et la gratuité des détails morbides.
En bref pour les aspirants amateurs de hard, ce livre sera une vraie découverte. Pour un public averti, c'est une lecture intéressante qui n'exprime pourtant pas, et ce n'est que mon avis, tout le potentiel de noirceur et de profondeur dont est capable, Mantis V.
Peut-être faudrat-t-il attendre la révélation de l'ensemble artistique qui l'entoure pour mieux en saisir l'essence.

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