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Critique de nadejda


Le narrateur de «Côme», jeune écrivain originaire de Serbie, est invité par la fondation Rockfeller qui lui offre une bourse pour une résidence d'un mois à Bellagio sur le lac de Côme (le livre est divisé en trente chapitres, un par jour). Lui est alloué un studio, dans une villa avec vue sur le lac, la villa Maranese. Les repas sont pris dans le cadre luxueux de la villa Serbelloni. Dans ce lieu privilégié, par le luxe et la beauté de l'environnement, notre auteur, sans aucune envie d'écrire, se sent totalement décalé par rapport aux autres pensionnaires. Il a laissé son pays dévasté par la guerre et se retrouve brusquement dans un cadre idyllique au milieu de musiciens, chercheurs, professeurs, universitaires pour la plupart, se demandant ce qu'il est venu faire là.

Au début, il tente de donner le change, fait croire qu'il travaille pour échapper au concert du soir ou à des conférences ennuyeuses, s'achète une cravate (la cravate est de bon ton pour aller manger au Serbelloni) et une chemise neuve pour moins dénoter au milieu des autres invités.
Puis rapidement il se fait des amis à l'extérieur, au village de Bellacio en la personne de Alda la serveuse du café «le Spiritual», Augusto patron du bistrot «le Sport» et finalement au sein même des pensionnaires de la villa où il est repéré par ceux qui, comme lui sont hors normes.

Il aime le bon vin toscan, les vieux cognacs et whisky que lui servent, en complice, ses amis serveurs, Gregorio et Mahatma, qui lui offrent des prétextes pour s'éclipser et rejoindre la salle de télé où il peut assister à des match de foot en compagnie d'une bonne bouteille. 

Par son observation, des autres résidents et de leurs travers, de leurs antagonismes, leurs petites mesquineries qu'il regardent d'un oeil amusé ou parfois exaspéré, il nous offre des scènes très drôles. 

Il fuit souvent la villa et ses pensionnaires pour de longues promenades d'exploration des collines qui dominent le village de Bellagio et s'essaie même à gravir le sommet du mont San Primo, de 1682 mètres d'altitude. 
«J'en avais envie. Je le contemplais de ma fenêtre tous les jours, et à présent le temps était venu d'y monter. Je n'étais jamais monté au sommet d'une montagne. J'ai fini mes préparatifs et je suis parti.» Il ne se pose pas de question. Il y va. 
Et y retournera à la demande de son vieil ami, Monsieur Sommerman ornithologue à ses heures, pour observer à sa place le grand aigle doré.
«Il était énorme, cet aigle. le grand aigle doré, ainsi qu'on le nommait.(...) J'étais tout petit, et petite était ma vie et tout dans ma vie et tout en moi, toutes les illusions que je gardais, tout ce qui me constituait...Mon corps a expiré de peur et d'admiration.»

Il vagabonde. Il fait une escapade à Côme, erre sans but précis dans la ville, «Je me suis mis à déambuler dans les ruelles. Je crois que c'est l'une des choses les plus agréables, d'arriver pour la première fois dans une ville et de parcourir, sans but, une rue après l'autre.»

Sous ses dehors nonchalants le narrateur nous donne une belle leçon de vie en laissant entrevoir au fil de ses échanges avec ses amis villageois, de ses promenades, par son observation de leur vie quotidienne («J'ai toujours aimé les marchés»), le fossé qui existe entre eux et les riches résidents des somptueuses villas, clients des boutiques et des hôtels de luxe. Il se fait le passeur chaleureux entre ces deux mondes qui s'ignorent l'un l'autre, et sait, mine de rien, nous les faire découvrir et aimer avec le même sourire, sans a priori.

Ce récit, plein de décontraction et de douceur ironique, offre au lecteur la même parenthèse que celle vécue par l'auteur. Il nous donne vraiment l'impression d'habiter ces lieux et l'on s'y sent comme en état d'apesanteur. Mais tout a une fin....malheureusement.
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