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Critique de TerrainsVagues


« Il y a là les fissures
Fermées les serrures
Comme envolés les cerfs-volants
Il y a là la littérature
Le manque d'élan
L'inertie, le mouvement

Parfois on regarde les choses
Telles qu'elles sont
En se demandant pourquoi
Parfois, on les regarde
Telles qu'elles pourraient être
En se disant pourquoi pas…

Gaëtan Roussel pour V. Paradis »

Il y a tant de choses et parmi ces choses, il y a aussi des billets qui fâchent.
Likeurs compulsifs, passez votre chemin ou bien lisez avant d'éventuellement apprécier des mots qui pourraient vous heurter.
Comme ça risque d'être un peu long, perdez peut être pas votre temps.

Vous connaissez forcément Jean van Hamme à travers Thorgal, XIII ou Largo Winch.
Entre 1984 et 1986, les histoires ont été publiées dans le journal de Spirou avant d'être publiées en deux albums en 1988 puis un troisième en 1989. En 2001, soit presque vingt ans plus tard naissait l'intégrale avec le constat affligeant de l'auteur sur le fait que la réalité dépasse souvent la fiction.
Oui, la fiction est une source inépuisable d'inspiration pour la vie, enfin pour celle qu'on choisi de subir.

SOS Bonheur, ayez confiance, on s'occupe de vous. Tout est sous contrôle...
Métro boulot dodo, fais ce qu'on te dit de faire , fais là où on te dit de faire et surtout ne te pose aucune question, n'essaye même pas de réfléchir sinon…
On est là pour veiller sur toi, sur ton bien être, sur ta santé. Tout est sous contrôle…
Soigne toi comme on te dit de te soigner et surtout, abandonne toute réflexion, signe nous un chèque en blanc pour que nous te protégions de tout. Signe sinon…
Si t'as bien rongé ton nonosse tout l'année, t'auras ta récompense. Un bon os à moelle pour toi qui en manque tant (de couilles aussi, t'en manque). T'auras droit d'aller t'amuser selon le planning du camps de vacances, de rire quand on te le dit, de chanter quand on te le dit, de baffrer quand on te le dit, de pas sortir de l'emploi du temps défini pour ton bien quoi.
Selon ton degré d'obéissance, tu partiras en juillet aout ou en novembre, tes vacances seront placées dans l'année selon ton niveau de soumission… pardon, selon ton niveau de responsabilité.
On va te simplifier la vie ma poule. Toute ton existence ne tient plus qu'à une carte, ta vie est suspendue à une puce. Ton identité, ta santé, ton compte en banque, ta légitimité d'être. Tu n'es plus qu'un putain de micro processeur bien programmé. Pas intérêt à bugger sinon…
Ah, quand je disais que tu manquais de couilles, justement, moins t'en as mieux tu es noté. Surtout que les naissances sont contrôlées maintenant. Si les petites filles naissent dans des roses et les petits garçons dans des choux, fais pas trop de jardinage si tu vois ce que je veux dire, sinon…
Ronge l'os qu'on te balance, amuses toi avec les débiles qu'on te met dans la boite à image. Tout est sous contrôle. Ne t'inquiète pas la culture, on gère pour toi, on te fait lire ce que tu dois lire, écouter ce qu'on veut t'inculquer, te tatouer dans l'âme. Laisse toi aller et fais nous confiance, sinon…
C'est bien, c'est même au-delà de toutes nos espérances ma poule. A défaut d'en avoir, t'es un vrai serf…veau.
Sinon… sinon, on te broie, tu deviens un déregistré, on t'efface du fichier central national, tu n'existes plus. T'es le sans papier, celui dont l'existence est illégale. T'es la couille dans le potage (celle qu'ils ont perdue), le danger pour l'autre, pour l'ordre, pour le pouvoir, pour l'argent.
Tu vas être tenté de faire la révolution. Tu vas faire la révolution. Et puis… t'étais sincère toi, t'y croyais à un monde meilleur, respectueux, aimant, bienveillant, solidaire et toutes ces conneries. Mais tu t'aperçois que les exclus d'hier deviennent les dictateurs d'aujourd'hui ou de demain. Tu te rends compte que ces connards ne voulaient pas changer de monde, détruire un système qui ne fonctionne pas mais juste être calife à la place du calife et en profiter à leur tour au détriment de ceux qui en profitaient avant eux.
Quel con, je suis.

Toute ressemblance, blablabla… mais si Orwell est souvent cité pour de troublantes mais si prévisibles « prédictions », je vais ajouter Van Hamme et cette BD magnifiée par le dessin de Griffo.
Presque quarante ans plus tard, ça ressemble étrangement à la vie d'aujourd'hui et à celle que nous promettent les dangereux adeptes du transhumanisme associés aux quelques fortunes qui dirigent la planète, ceux pour qui nous sommes des inutiles.
Aujourd'hui, la police de la santé va mettre en place ce bon passeport vaccinal.
Allez, je mets à ton crédit que tu y crois au vaccin express, que tu crois être protégé(e) du virus, je te prends pas pour tous les blaireaux qui vont se faire piquer juste pour avoir le droit d'aller se dorer la pilule sous les cocotiers ou aller bouffer au restau, mais, comme tu te soumets, t'auras ta récompense, tu pourras aller ici ou là et continuer de suivre le parcours qu'on t'a balisé …
Tu dis ce qu'on te donne le droit de dire, tu écoutes ce qu'on te permet d'écouter, sinon…
On te laisse gueuler sur deux trois conneries au nom de la liberté, cette liberté que t'es le premier à entraver au nom de ta responsabilité civique, au nom de la santé publique, de celle dont on t'a lavé le cerveau.
Liberté de parole, liberté de pensée, liberté d'ETRE.
T'es prêt à dénoncer l'irresponsable. Fier de ton QR code sur ton iphone 54 (celui qui sait tout de toi et qui t'espionne H24), t'es prêt à aller jusqu'où pour identifier les inconscients, les dangereux non vaccinés en bonne santé ? En d'autres temps… bref.
Toi t'es libre et responsable et tu milites peut être même pour les droits de l'Homme, ceux que tu bafoues avec ta bien pensance.
Et si tu te mettais à militer pour les devoirs de l'Homme ?
Je sais pas moi, le devoir de respecter la planète, d'écouter l'autre, d'accepter l'autre, le devoir de solidarité, la liste serait longue mais on pourrait la résumer en un devoir principal, celui de respecter la vie tout simplement.

Cette intégrale de SOS Bonheur est bien entendu une pure fiction mais si par hasard vous croisez ces pages un jour, peut être que vous pourrez réfléchir à la notion de liberté et de responsabilité qui sont les personnages principaux de cette histoire, ces notions qui jour après jour perdent tout leur sens.
Au pire… vous aurez lu une bonne BD, bien foutue.

La liberté de dire oui, celle de dire non. Nous avons toujours le choix, pour tout.
Assumer un choix et la longue route allant à la liberté commence.

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