AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de topocl


Je ne connais ni les termites, ni Maeterlinck, unique prix Nobel de littérature belge, ni encore moins l'afrikaner Eugène Marias. Et rien ne m'intéressait de ces trois thèmes, a priori.

Seulement voilà, j'ai dévoré un livre passionnant, érudit, intelligent, plein d 'humour, d'humanité et de réflexion. J'ai presque autant aimé la recherche de David van Reybrouck que j'avais aimé de celle de David Mendelsohn partant retrouver de ses ancêtres dans Les disparus.

David van Reybrouck entend parler de cette histoire : que Maeterlinck, le bourgeois respectable, qui publie, dans un après guerre passionné d'entomologie, un livre sur les termites, aurait plagié Eugène Marais, poète naturaliste et morphinomane, pour publier, sans avoir jamais vu un termite ou une termitière, une étude comparant l'organisation sociale de la termitière à un corps humain, où l'individu n'est voué qu'au bénéfice de la cause commune. Et comme il est beaucoup plus malin que moi, il sait tout de suite que cela va être passionnant, qu'il tient son sujet.

Vrai, faux ? Plagiat, pas plagiat? Beau prétexte à une extraordinaire aventure humaine et intellectuelle qui va bien au-delà de son sujet .David von Reybrook ne lâche plus : de bibliothèque en salle d'archive, puis lors d'un long et fructueux séjour en Afrique du Sud où il multiplie les rencontres et les visites. il mène son enquête - et son récit - comme un thriller passionnant, il découvre émerveillé la biographie hors norme de ses deux protagonistes, affine ses connaissances, s'offre de délicieuses digressions, recueille indices et témoignages, va de déceptions en découvertes jouissives.

Mais le propos va bien au-delà des termites, on s'en doute : il parle de la littérature et des sciences naturelles que les deux hommes ont en commun, de politique dans un parallèle entre organisation sociétale termiteuse et systèmes politiques humains, grande question s'il en est de ces débuts du XXème siècle. Il réfléchit au sens (ou au non-sens?) d'une telle recherche apparemment si dérisoire, aux rapports entre passé et présent. Il relie tout cela avec l'histoire actuelle de l'Afrique du Sud et son passé historique - la guerre des Boers, la colonisation anglaise, l'apartheid, la tentative de Réconciliation . C'est d'une érudition remarquable, ce qui n'empêche pas le texte d'être d'une clarté lumineuse et d'un abord plaisant.

Je suis moins bête qu'il y a trois jours, et en prime je me suis régalée.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}