AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tatooa


Moi qui ne pensais pas lire une quelconque biographie d'auteur de SFFF cette année, une chose en amenant une autre, voilà, c'est fait (et en VO, s'il vous plise !) !

J'ai donc embarqué comme passager clandestin dans les bagages de Jack Vance (que j'adore comme auteur de bouquins d'aventure, c'est pas un secret, et sur lequel il y a des choses que je n'appréciais pas de lire. Notamment sur sa soit-disant misogynie... Il fallait que j'en ai le coeur net !), vers l'étranger et au delàààà !

Et j'ai pas été déçue.
On a ici une autobiographie factuelle. Il n'y a que peu de jugements de valeur sur les gens, peu de ressentis de Jack (John Holbrook, en fait) Vance. Il ne décrit quasiment que des faits. Des voyages. Des actions. Des décisions. Des gens (physiquement et ce qu'ils ont fait). Il a une mémoire des noms, des lieux, des faits absolument phénoménale, confondante, même, c'est assez sidérant, considérant qu'il a écrit ce bouquin en 2009, à l'âge avancé de 93 ans ! :o
Bouquin qui commence par une dédicace à Norma, sa femme, et qui finit par des remerciements à ...
Norma, décédée l'année précédente...
Bouquin qui finit par un peu plus de détails au sujet de son travail d'auteur, et où il cite en premier comme autre auteur l'ayant fortement influencé dans son propre travail, C.L. Moore...
Une femme...

Et il n'y a rien à faire : pour moi, Jack Vance a été un mec bien, de son temps, avec un sens de l'honneur et une façon d'être un peu désuète, peut-être, mais pas aussi négative que j'ai pu le lire. Je réfute définitivement le jugement "misogyne" sur lui et ses écrits, serait-ce Dieu en personne qui le dirait, ce jugement que je n'arrive pas à faire coller à mon ressenti quand je lis des livres de lui.
Réaliste, ça oui. Ici, il décrit la connerie de certaines personnes. Hommes et femmes, exactement comme dans ses romans. Il décrit surtout des gens qu'il a apprécié, en fait. Ceux qui ont eu de l'importance pour lui. Et il y en a eu beaucoup. Beaucoup d'étrangers. Au fil des voyages, au fil des rencontres, il semble être à l'opposé du mec borné et obtus qu'il faut être pour être taxé de "misogyne". Il semble au contraire ouvert à la différence, curieux d'autres cultures, amateur de beauté naturelle, tout cela qui transparaît tant dans ses descriptions dans ses bouquins.

J'ai pu aussi constater combien Mur (le jeune Gatzel Estwane des chroniques de Durdane) faisait partie de lui, lui qui a travaillé très tôt pour pouvoir aider financièrement sa mère, dans un pétrin pas possible après son divorce d'avec l'homme brutal et arrogant qu'était apparemment son père, qui est parti vivre avec sa soeur (la tante dominatrice, autoritaire et destructrice du noyau familial de Jack Vance) qu'à tort, sur le site jackvance.com, ils attribuent dans ses livres à l'influence de Wodehouse. Moi je dirais plutôt que s'il vénère Wodehouse c'est sans doute parce ce qu'écrivait ce dernier lui parlait intimement... et que lui-même s'inspirait de sa propre tante pour ses propres écrits ! Arf.

Cet homme musicien, fan de jazz, au sens de l'observation pointu, qui a été d'une fidélité rare à sa femme et certains amis proches (dont Poul Anderson), qui avait les yeux grands ouverts (lui qui avait une si mauvaise vue) et qui voulait voir tant de choses du monde, lui a qui a voyagé partout avec Norma, dans des conditions parfois pas faciles, qui a fait un bateau (une sorte de péniche) de ses mains (avec l'aide de Poul Anderson et Frank Herbert au début, et ensuite, Herbert s'étant barré dégoûté après qu'il ait coulé suite à la tempête, avec l'aide de al Hall), qui a fait sa maison de ses mains (avec l'aide de Norma, ses enfants, ses amis), n'est certainement pas misogyne.
Moqueur, sans doute, oui. Ironique, aussi, certes. Cynique, peut-être, parfois, aussi. Je pense que la nature humaine lui donnait quelques motifs à ça, non ? A moi, en tous les cas, elle me les donne, je me vois donc mal lui jeter une quelconque pierre quand par hasard il se lâche dans ses écrits à se moquer de certains types de personnes ou à les maltraiter un peu...

Ecrits corrigés d'ailleurs par... Norma ! Puisqu'ils travaillaient pendant les voyages, ensemble, comme toujours. Norma qui est restée avec lui toute sa vie, et qu'il a accompagnée vers son dernier voyage, dans leur maison, entourée de sa famille.
Bref, c'est pas cette autobiographie passionnante, et touchante dans sa pudeur, qui va me fâcher avec lui...

Notamoimeme : à faire avant de mourir : aller voir les fjords norvégiens. Quand un gars qui a autant voyagé dit que c'est les paysages les plus magnifiques qu'il ait jamais vus, je le crois et je me dis qu'il faut que j'y aille.

Notauzautres : Ce livre a été traduit en français et est publié sous le titre "Mon nom est Vance, Jack Vance". Mais je suis tout à fait contente de l'avoir lu en VO...

Notoubli : toutes les photos à la fin, c'est vraiment très chouette. (Son fils John lui ressemble, c'est dingue !).
Commenter  J’apprécie          221



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}