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Critique de gabrielleviszs


Je remercie Amélia Varin pour sa proposition de lecture par le biais du site simplement. J'avoue que c'est un thème qui est malheureusement réel, que certains ont dû vivre et autant arracher le sparadrap d'un coup de la plaie, je suis passée par là aussi.

Le harcèlement scolaire est un moyen de communication pour certains. Il est si facile de faire pleurer celui ou celle qu'on a pris en grippe devant les autres, pour le fun, parce qu'on s'ennuie, parce que la méchanceté et la bêtise sont combinées. Pour tout un tas de raison, le harcèlement devient une mode, le cap ou pas cap devient mauvais. Je travaille avec des enfants depuis pas mal d'années, que ce soit en tant qu'animatrice, directrice de séjour de vacances ou assistante d'éducation dans un collège. Je sais ce que cela fait que d'être harcelée. Avec du temps on oublie, surtout lorsque l'on a dépassé les 40 piges, mais avant, je sais ce que c'est que de se sentir mal. Être fille de patron et être en surpoids n'a pas aidé, comme s'il fallait une excuse. Les élèves dont j'ai la charge savent qu'ils peuvent venir me parler et que je suis la première à faire du rentre dans le lard de celui ou celle qui se croit meilleur en traitant les autres d'un mot ou d'un autre. Alors quand Amélia m'a proposé son recueil de nouvelles j'ai tout de même hésité une seconde ou deux

Un sujet qui n'est pas facile de traiter, c'est certain. Tomber dans le glauque et le malsain aurait été un mauvais point. Il s'agit de plusieurs nouvelles très courtes, parfois même juste deux pages, parfois un peu plus longues. Il n'y a pas que les harcelés qui laissent une trace, il y a aussi les harceleurs qui se rendent compte à temps, ou non de ce qu'ils ont fait. C'est comme si leurs voix étaient mises dans un seul et même livre, afin de se faire entendre. Des mots qui ne laissent pas de traces physiques, mais qui vont rester ancrées dans la mémoire, sous la peau de celui qui les reçoit. Ce que le corps ne reçoit pas, c'est l'esprit qui le décortique, qui le garde dans un tiroir pour ne plus quoi savoir en faire. Trop c'est trop, la facilité avec laquelle les mots, les gestes sont apportés sont ce qu'il y a de plus dur pour ceux qui restent.

Qui n'a jamais entendu qu'ils vont arrêter ? Que ce n'était qu'un jeu ? Qu'ils en faisaient rien de mal ? Qu'il ou qu'elle est morte parce qu'il ou qu'elle l'a bien voulu ? Que ce n'est pas sa faute ? Qu'il faut bien s'amuser ? Tant de réponses si facilement faites pour se déculpabiliser ? Ou tout simplement parce qu'il n'en a rien à faire. Les personnages sont nombreux, Manon, Mina, Victoire, Mélanie, Lisa... Il n'est pas difficile de savoir que le harcèlement est un point commun. Celui de se rendre compte que cet acte est présent, qu'elles soient d'un côté ou de l'autre de la barrière. Comment en sont-elles arrivées là ? Certaines vont bien loin dans leur démarche.

L'échelle de la violence existe belle et bien comme indiqué par l'auteur dans son recueil. Les agressions verbales, les regards meurtriers, les mots soufflés, les coups bas, les coups tout court. Cela va loin. Dans certaines de ces nouvelles, les parents ne voient pas ce qui se passe, pensent que tout va bien. Ce ne sont que des jeux d'enfants diront certains et pour d'autres il y aura toujours ces moments de flottements où ils se maudiront de ne pas avoir su. C'est difficile de voir, surtout si votre enfant ne parle pas. La communication est la base. Sauf que la honte retient la plupart du temps ceux qui sont harcelés. Pourquoi ? L'instinct peut-être, comme dans un viol où la victime se sent mal et honteuse. le point de non-retour n'est pas toujours franchi et c'est tant mieux, mais pour tous ceux et celles qui malheureusement passent à l'acte c'est abominable.

Et puis il y a ceux qui harcèlent et qui le font par peur, par peur de devenir celui ou celle qui va se faire frapper, qui va devenir une victime. le cheminement est expliqué dans les grandes largeurs par l'auteur. La souffrance est parfois des deux cotés. Faire prendre conscience de ce qui se passe et des conséquences n'est pas évidente, mais il faut le faire. le pardon aussi est un acte pour soi, pas pour l'autre. C'est difficile de pardonner le harceleur, d'ailleurs pourquoi le faire ? C'est souvent la question que nous nous posons. Même si on imagine pour certains le pourquoi, pour d'autres c'est flou. Les personnages racontent leurs histoires. Les premières sont dures à lire, parce qu'il y a l'émotion qui nous prend entièrement. Par la suite un peu moins, peut-être parce qu'à force on se blinde un peu ?

Les personnages sont multiples et montrent un nombre incalculable de sentiments. le pourquoi ils sont arrivés à ce point, comment cela a pu basculer. Les situations vont très vite il suffit parfois d'une seule minute pour que tout bascule. Il suffit d'une méchanceté puérile et gratuite pour qu'une personne qui a toujours été gentille et prête à aider les autres qui se retrouve plus bas que terre. Je ne ferais pas de détails sur ce recueil, pour la simple et bonne raison qu'il vaut mieux le lire pour suivre les événements. Il n'y a pas d'évidence, ni même de raisonnement à suivre dans certains cas. L'auteur se débrouille pour que nous ressentions quelque chose, de bien ou de mal.

Ces marques resteront gravées à vie, dans un recoin de sa mémoire. Si certains arriveront à surmonter ces étapes pour prendre leur revanche sans faire de mal, ce n'est pas toujours le cas. Se protéger devient vital d'une manière ou d'une autre. Avec cette lecture, je me suis souvenue de ce que j'ai vécu et je peux dire que je m'en suis sortie, grâce à ma mère qui était présente. C'est son amour qui a fait que je suis ce que je suis devenue (OK, casse-couille, mais ce n'est pas le plus important). Il faut savoir faire confiance et l'une des nouvelles nous le montre très bien. La souffrance est multiple. La technologie est également mise en avant. Depuis que les réseaux sociaux, que les téléphones portables existent, c'est de plus en plus facile pour les harceleurs de jeter la première pierre dans la mare.

En conclusion, ce recueil de nouvelles présente différentes histoires qui parlent du harcèlement scolaire. du plus petit au plus grand, les personnages montrent ce dont ils sont capables dans tous les sens du terme. Les mots sont bien utilisés. Comme l'auteur l'indique elle-même, le harcèlement est présent partout. Il faut savoir ouvrir les yeux et le bon pour aider ou trouver le moyen d'aider.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/ma-douleur-mon-regret-amelia-varin-a185945598
Lien : http://chroniqueslivresques...
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