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Critique de Voirac



UN LIVRE QUI CASSE LES MYTHES.
Ou comment le sous-continent devient un sur-continent.
Un document très édifiant écrit par un ambassadeur indien, ayant eu l'occasion de fréquenter au cours de sa carrière les différentes civilisations pour les comparer à la sienne propre.
Ce livre de sociologie est construit en quatre chapitres didactiques : le pouvoir et la démocratie, la richesse, la technologie, et le panindianisme.
Il ne m'est pas possible d'en faire une critique étant béotien en la matière, mais un résumé de chaque chapitre éclairera le futur lecteur :
-La différence entre les castes existe toujours, mais elle est progressivement remplacée par celle du. statut social qui donne le pouvoir et la richesse, le niveau d'études, la façon de pratiquer l'anglais. Quand deux Indiens font connaissances, la présentation comporte l'annonce de leur profession, celle du père, leur quartier d'habitation afin de situer l'interlocuteur et de permettre des échanges qui seront hiérarchisés en la fonction de leur position sociale.
-La non-violence à l'instar de Gandhi ? Non, plutôt un réalisme qui préfère la soumission au désordre social. Les anglais ont eu dans ces conditions une conquête facile. Les indiens redoutent une violence qui pourrait devenir incontrôlée et menacer la pérennité de l'organisation. En revanche, la violence dissimulée sous la réputation de leur non-violence ne doit pas être sous estimée : Gandhi et Indira assassinés, meurtres de femmes ne pouvant pas payer leur dot, violences intercommunautaires et vis à vis des castes inférieures.
L'Inde n'a pas de système éthique indigène développé. Il n'y a pas de définition incontestée du bien et du mal car la seule préoccupation cohérente est celle du résultat final : La fin justifie les moyens.
La poursuite d'une place dans la hiérarchie du pouvoir étant le but de chacun, la notion de rigueur morale devient accessoire. L'indien est soumis et facilement vaincu, mais toujours fidèle à sa déloyauté et constamment résilient. Les anglais avaient bien noté cette « obséquiosité respectueuse »
L'Inde a adopté la mécanique de la démocratie, parce qu'elle promettait des ascensions sociales dans un cadre hérité d'une société non démocratique. Contrairement à la Chine siège d'investissements étrangers, la démocratie indienne a développé l'esprit d'entreprise et le pays fourmille d'auto-entrepreneurs.
-Mathématique et informatique : le peuple, qui a inventé le zéro, a gardé une facilité à construire des programmes informatiques (codage numérique : 0-1) ; il croit aux horoscopes et calcule depuis longtemps les angles planétaires ; il construit d'autant plus facilement des algorithmes qu'il raisonne depuis toujours en segmentant tout en chapitres et sous-chapitres. C'est la raison pour laquelle de plus en plus de logiciels et sous traitance de gestion sont dirigés vers l'Inde.
Les langues : dans un pays majoritairement analphabète, l'anglais et l'indie, langue nationale, sont en train de faire disparaître les 18 langues régionales, gardiennes des traditions. Ainsi, les diplômes et la perfection de l'anglais permettent de gommer les castes mais de maintenir une hiérarchie sociale : il y a plus d'universités que d'écoles primaires, ( ce sont les hautes castes qui ont établi la structure universitaire d'abord pour eux-mêmes), contrairement à la Chine qui a plus misé sur l'éducation de masse. Les diplômes et l'anglais facilitent logiquement les échanges commerciaux avec le reste du monde.
Obéir plutôt qu'innover : il y a peu de pionniers dans le royaume des idées. Les indiens sont compétents mais non curieux : ils privilégient le diplôme plutôt que la connaissance. La règle de l'imitation généralisée a émoussé la recherche de l'excellence et de la recherche.
Pourquoi l'Inde n'a-t-elle pas explosé après son indépendance : c'est grâce à la démocratie qui est le ciment de la cohésion et constitue une soupape de sécurité indispensable dans un environnement, fait d'injustices et de contradiction : on s'exprime, on vote, on manifeste.
Grâce à un niveau de richesse qui augmente régulièrement, la pauvreté régresse car le gâteau à partager augmente vite. C'est ainsi qu'en sept ans, près de 5 millions de personnes ont rejoint les classes riches ou consommatrices. L'Inde sera en 2050 la troisième puissance économique mondiale.
L'auteur conclut en faisant une intéressante comparaison avec la Chine, deux pays voisins de taille et de population comparables mais avec des régimes politique différents.
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