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Critique de marielabrousse1


J'ai souvent du mal avec les romans qui célèbrent « le pouvoir/l'importance de l'imagination » : j'ai tendance à les trouver, paradoxalement, assez convenus et dépourvus d'imagination. C'est donc avec une légère réserve que j'ai abordé Cimqa – réserve compensée par un pitch prometteur, un a priori favorable pour l'autrice (jamais lue, mais déjà entendue en entrevue), et l'excellente critique de @Lenocherdeslivres. Il n'en fallait pas plus pour que je craque quand l'ouvrage est passé entre mes mains.

On alterne à chaque chapitre entre deux mondes et/ou deux époques différentes, Ici et Là-bas : dans l'un, l'une des trois dimensions spatiales se replie légèrement et laisse la place à une nouvelle dimension, celle de l'imagination. Sarah, six ans, découvre qu'elle peut matérialiser des créatures fantastiques durant quelques secondes. Émerveillée, elle explore les possibilités de ce nouveau pouvoir… Dans l'autre, la cinquième dimension est très règlementée et très codifiée, avec une mainmise presque totale de l'industrie du divertissement. Sara, cinquante ans, est une créatrice de « cimqa » et enchaîne les contrats, avec une liberté créative très réduite. Malgré le soutien de sa compagne Eva, l'anxiété et le burn-out la gagnent…

Évidemment, l'on se demande quel est le lien entre Sarah et Sara, mis à part leurs prénoms et leur aptitude à utiliser la cinquième dimension… Est-ce la même personne à deux moments de sa vie? Des doubles parallèles dont les univers sont reliés par la cinquième dimension? Même si vous devinez ce qu'il en est vraiment avant la fin (ce qui a été mon cas), ça n'en reste pas moins élégant. Certains éléments restent toutefois nébuleux, à moins que j'aie raté quelque chose

Difficile de rater la critique de l'industrie cinématographique, ainsi que de l'exaspérant penchant du capitalisme à s'approprier les plus belles innovations pour en faire de la bouillie pour chats, des machines à broyer les individus ou des armes de destruction massive. À l'ère des franchises, l'industrialisation de la cimqa rappelle fortement le modèle hollywoodien et notamment Marvel (qui est d'ailleurs quasi-explicitement cité). Mais on pourrait sans doute étendre cette critique à d'autres industries du divertissement populaire, toutes celles considérées comme des usines à saucisses montées pour les actionnaires plutôt que comme de l'art…

Les protagonistes sont touchantes, j'ai beaucoup aimé suivre l'évolution de Sarah et Sara ainsi que de leurs compagnes respectives. À la lecture, les dialogues entre Sara et Eva m'ont d'abord paru poussifs, mais quelques semaines plus tard, leur relation tout en écoute, empathie et compromis divers me reste bien en tête, donc j'en conclus que l'autrice a réussi à toucher quelque chose. La relation entre la jeune Sarah et sa mère aussi m'a parue très réussie, à mille lieues des clichés habituels.

L'ensemble est plutôt bien écrit malgré quelques tics d'écriture qui m'ont fait sourciller (« la technicienne », « la charpentière »…). Je suis aussi perplexe de constater que l'autrice a situé l'action en Angleterre : savoir que les personnages parlent en anglais version originale, ça fiche un peu par terre le jeu de mots du titre et toute la conversation qui y mène.

Mais somme toute, j'ai passé un très chouette moment avec Cimqa. Au point que j'en viens à me dire que même les thèmes les plus éculés peuvent encore être traités d'une manière originale, intéressante et émouvante.
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