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Critique de Fortuna


Si Odette du Puigaudeau est d'abord connue comme l'infatigable voyageuse qui a exploré le Sahara et contribué à sa découverte grâce à ses études anthropologiques et préhistoriques, elle n'a jamais oublié la terre qui l'a vu naître, la Bretagne. Partie à la rencontre des peuples berbères de Mauritanie, elle a passé plusieurs années dans le désert, et terminé sa vie à Rabat, au Maroc. Malgré tout elle est toujours restée attachée à ses racines bretonnes, et c'est même cet enracinement, cet attachement à ces paysages de terre et de mer qui l'ont bercée et à leurs habitants, qui lui a permis cette profonde compréhension de l'autre.
Ayant appris à connaître ces peuples farouches, les marins bretons et les nomades du désert, elle leur trouve beaucoup de points communs, conditions de vie difficiles sur des terres arides, traditions de l'hospitalité, attachement à la religion, et surtout ces modes de vie immuables dont elle redoute la fin avec l'avènement de la modernité.

Dans ce nouvel ouvrage que lui consacre Monique Vérité, cette dernière revient sur les débuts d'Odette, fille du peintre Ferdinand du Puigaudeau, sur son éducation d'abord très libre, « à la garçonne » et à la maison - Odette n'a jamais été à l'école -, puis sur la volonté de son père de l'enfermer, de la garder pour lui. Elle s'émancipe peu à peu, part à Paris, où elle sera tour à tour dessinatrice dans les laboratoires du Collège de France, styliste chez Jeanne Lanvin, journaliste puis ethnologue. Mais toujours attirée par la mer et la navigation, elle obtient d'embarquer sur des bateaux de pêche et de participer au travail des pêcheurs. Elle va alors faire de nombreux reportages sur les métiers de la mer, la pêche, le ramassage du sel, des algues, sur le travail des femmes, sur les îles du Ponant, territoires encore très sauvages où les modes de vie archaïques en font de véritables études ethnographiques. C'est aussi la période où elle rencontre la compagne de sa vie, Marion Sénones, qui va la suivre dans tous ses voyages.
Ce livre passionnant, très bien illustré de photos et de reproductions de dessins et tableaux, dont certains d'Odette comme ces magnifiques papillons dont elle tirera l'inspiration pour des modèles de robes, complète parfaitement la biographie de la « Bretonne au désert » de la même autrice pour redécouvrir une femme au destin exceptionnel, soucieuse de la défense de notre patrimoine naturel et culturel.
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