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Critique de Clelie22


Dans l'oeuvre prolifique de Jules Verne, il y a les romans de fort tonnage que tout le monde connaît au moins de titre et, à côté d'eux, toute une flottille de textes moins connus dont beaucoup ont même sombré dans l'oubli. Au vu du nombre de lecteurs et de critiques qu'il a engrangé sur Babelio, le chemin de France est de ceux-là. S'il n'avait pas été ressuscité en version audio sur le site Littérature audio.com et si je n'avais pas eu besoin d'un roman se passant dans deux endroits différents pour le challenge XIXe siècle, je ne l'aurais peut-être jamais lu. Et je n'aurais pas manqué grand'chose.
Le seul intérêt de ce roman est de montrer que Jules Verne pouvait écrire sur autre chose que les machines volantes, plongeantes, flottantes et les aventures à l'autre bout du monde (voire au-delà des limites de notre monde). Il se démarque aussi des autres oeuvres par le choix d'une narration à la première personne.

Dans ce roman, Jules Verne prête sa plume à Natalis, paysan picard engagé dans le régiment de Royal-Picardie. Après 13 ans de bons et loyaux services, il demande un congé de deux mois pour aller voir sa soeur en Allemagne. Mais nous sommes en 1792, la guerre menace d'éclater entre la France presque républicaine et les monarchies coalisées. En Prusse, Natalis est accueilli par la patronne de sa soeur, Mme Keller, veuve d'un Allemand mais française d'origine, et par son fils Jean Keller, commerçant allemand mais français de coeur. le jeune homme s'apprête à épouser la fille d'un autre Français installé en Allemagne. Que deviendront tous ces braves gens si la guerre éclate ?

J'ai connu Jules Verne plus inspiré. Après une assez longue entrée en matière, il a quelques bonnes pages lorsque la situation se tend pour les Keller mais, ensuite, c'est un long chemin vers la France, une énumération de lieux qui ne diront rien aux lecteurs qui, comme moi, ne connaissent pas ces régions. Il y a très peu de descriptions qui permettraient de s'imaginer ces lieux. Ce n'est peut-être pas plus mal car cela rallongerait encore un voyage qui paraît bien long. En outre, il y a peu de péripéties. Les quelques-unes qui surviennent passent vite et ne suffisent pas à instaurer un semblant de suspense. Quant aux personnages, ils sont plutôt stéréotypés et peu intéressants. Natalis surnage un peu mais sans être inoubliable.

Connaissant Jules Verne, je m'attendais à un propos plus virulent sur les Allemands. Il ne leur fait pas de fleur et les traite bien de barbares par-ci par-là mais cela reste assez soft. Par contre, son chauvinisme pro-français ressort plus que jamais : les Français sont formidables et ce sont tous de braves gens. le roman s'achève sur une peinture plutôt sommaire de la bataille de Valmy. Là encore, le détail des marches et contre-marches des armées françaises, autrichiennes et prussiennes n'est pas ce que j'ai lu de plus intéressants. Dans le genre récit de bataille, j'ai déjà lu plus prenant dans la littérature de l'époque et Verne ne parvient pas à rivaliser avec Hugo ou Tolstoï sur le sujet.
Je n'ai pu m'empêcher de me demander si ce roman publié en 1887 n'était pas une petite revanche de la défaite de 1870. Une manière pour Jules Verne de dire : "ok, les Prussiens nous ont pouillé en 1870 mais on les avait atomisé en 1792."
Cette oeuvre est la preuve que Jules Verne aurait dû en rester à l'anticipation visionnaire plutôt que de s'aventurer sur ce chemin de France cocardier et sans intérêt.

Challenge XIXe siècle 2023
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