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Citations sur Le secret d'Adélaïde (12)

La peur de Satan, du mal, de notre corps qui recélait ce mal. Notre corps qu’il fallait oublier et punir par une ascèse physique et morale. Notre corps animal qui pouvait corrompre notre âme pure par ses désirs informulés. Nos sens représentaient autant de portes offertes aux tentations du démon et la honte régissait nos comportements. Il fallait tarir les sources de nos émotions, anéantir notre spontanéité et briser nos élans. Nous devions occuper nos mains en toutes circonstances, craindre notre propre regard – aucun miroir n’était autorisé en ces lieux – parler à voix basse et nous pénétrer des vertus du silence.
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Aujourd’hui encore, j’en ressens le désespoir tandis que d’autres afflictions, pourtant violentes, se sont peu à peu apaisées et leurs blessures cicatrisées. Je n’avais pas réalisé quel être merveilleux je perdais, je n’ai mesuré que bien plus tard son intelligence exceptionnelle, sa sensibilité exquise, ainsi que la tendresse qu’il m’inspirait et que masquaient pudiquement nos chamailleries. Son fantôme m’accompagne en quelque sorte, et je ne peux m’empêcher de m’imaginer mariée avec lui, de penser que nous aurions su nous comprendre, qu’il m’aurait aimée, il m’aimait déjà sans doute, mais je ne savais pas en interpréter les signes. Ces pensées sont stériles, nul n’est en mesure de modifier le passé, pas même Dieu que l’on dit Tout-Puissant.
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Cette période m’a façonnée, c’est la part lumineuse de mon enfance mais c’est aussi l’eau du puits de ma nostalgie.
C’est l’origine de tout ce que j’aime, la chaleur, l’été, la campagne, les couleurs claires, les jolies robes, les réceptions, les gens distingués, les repas raffinés, la musique jouée à plusieurs, l’odeur des confitures, les fleurs, les livres, le rire des enfants, les vergers croulants sous les fruits, les promenades en forêt, les chevaux et même le bourdonnement des abeilles et des guêpes… Et c’est la source aussi de toutes mes aversions : la pension, l’hiver, le froid, la complaisance pour la souffrance, l’obsession du péché, les messes interminables, le confessionnal, la suspicion, la couture, l’odeur des corps mal lavés, de l’encens et des cierges.
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De mon côté, je le comparais à Héphaïstos, le boiteux, et il rétorquait que c’était une chance puisqu’il épouserait Aphrodite ; mais je ne me sentais pas concernée. Ma sympathie s’éveillant, je veillais sur lui, lui apportant une couverture quand la fraîcheur tombait, une citronnade quand il faisait trop chaud, jouant du piano pour lui faire oublier ses douleurs. Il m’écoutait désormais attentivement et me donnait de judicieux conseils d’interprétation. Il a peut-être ouvert pour moi une première porte des mystères de la musique : ne pas jouer pour moi seule, partager.
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D’autres cherchaient la solution aux problèmes sociaux dans les théories de Saint-Simon ou d’Enfantin. Ils critiquaient les industriels jaloux de leurs seuls intérêts et aveugles aux devoirs d’humanité. Ils cherchaient à mettre en œuvre dans leurs domaines une agriculture rationnelle et productive. Pourquoi ces idées me passionnaient-elles ? Pouvais-je imaginer que ce monde des capitaines d’industrie et du capitalisme conquérant serait un jour le mien ?
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Quelqu’un avait besoin de moi, et je découvrais qu’en retour, mon bonheur dépendait d’une autre personne. Cela vous semble anodin, j’imagine, mais dans le désert de mes sentiments, cette relation prenait la proportion de ces bruits infimes qui déchirent pourtant le silence de la nuit.
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Non seulement on n’apporte pas à ces artistes la considération qui leur est due, mais on les juge comme des anomalies de la nature car elles seraient pourvues par erreur de dispositions masculines. Du reste, je n’aurais certainement jamais pu jouer leurs œuvres si mon amie Alice, qui fréquentait les salons parisiens, ne m’avait fait parvenir quelques précieuses partitions.
Quant à moi, j’avais peut-être quelques dispositions, j’ai su écrire les notes avant de savoir former les lettres, je pouvais mémoriser tout ce que j’entendais, j’avais des doigts agiles, j’étais capable de composer de gentilles variations, des sonates ou des cantates… sans grande envergure !
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Votre coucou vous fait croire au printemps et vous promet peut-être même la fortune, pour peu que vous ayez quelque piécette dans votre poche la première fois que vous l’entendez, c’est du moins ce que prétend Francine. Cet oiseau vous est sympathique et il est vrai que son appel, malgré sa pauvreté musicale, est cocasse. Mais sous cette apparence débonnaire, il n’en est pas moins un intrus, un voleur et un tueur… comme moi.
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Prenez soin de vous, chère madame. De telles émotions sont néfastes pour le corps comme pour l’esprit et ces prochains jours vont être bien éprouvants. Je ne veux pas vous déranger davantage mais n’hésitez pas à faire appel à moi si vous… flanchez. Je sais bien que l’on est censé se montrer ferme en de telles circonstances, mais nos nerfs, quelquefois, nous trahissent…
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« Être savant dans la fugue, c’est connaître l’élément de toute raison et de toute conséquence. »
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