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Critique de Fab72


Sophie, âgée d'une vingtaine d'années, se souvient de son enfance dans les années 1840 en Normandie, au château de Réan et en Floride. Petite fille modèle aux yeux de tous, en réalité passionnée non par la musique, la peinture ou le théâtre mais par quelque chose de plus rare, de plus précieux, de plus raffiné : faire souffrir les autres. A la fois sadique et naïve, elle torture et tue son prochain. Par exemple, pénétrant chez des paysans pauvres pendant leur absence, elle égorge et découpe le bébé. Elle place les parties « comestibles » dans le saloir et jette tout ce qui est immangeable dans l'étang proche pour le plus grand plaisir des brochets. Puis, Sophie s'arrange pour faire croire aux parents que leur bébé a été enlevé par un vautour. L'hiver suivant, en prélevant de la nourriture dans leur réserve, le couple de paysans, mange leur enfant sans le savoir… Sophie pense avoir agi pour leur bien : c'est une bouche de moins à nourrir et de la nourriture en plus pour des miséreux !

Les héros de la Comtesse de Ségur sont présents dans cette version : Camille et Madeleine de Fleurville, le cousin Paul d'Aubert qui joue avec Sophie de Réan à des jeux beaucoup moins innocents que dans l'original. Il faut dire que Sophie est sexuellement en avance sur son temps …

Dans le dernier chapitre, la grand-mère de Sophie avoue avoir écrit trois romans : « Les petites filles modèles », « Les malheurs de Sophie » et « Les Vacances » inspirés des agissements de sa petite-fille. Elle surveillait Sophie depuis le début et connait donc la vérité jusqu'aux « décès accidentels » de M. et Mme de Réan. Dans ces romans, les tortures et les meurtres de Sophie ont été remplacés par d'innocents jeux d'enfants. C'est donc une version édulcorée qui est arrivée jusqu'à nous.

Voilà sans conteste le meilleur des huit romans de la collection Gore signés Eric Verteuil (pseudonyme), alias Alain Bernier et Roger Maridat. le récit mélange sadisme et naïveté avec efficacité. Néanmoins, on retrouve certains défauts habituels chez les auteurs : une tendance à écrire de façon trop mécanique une succession de meurtres, un manque de suspense et des personnages pas assez fouillés. On reste en dessous d'un Corsélien par exemple.

Un bon Gore tout de même, original et sympathique.
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