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Critique de OuvrezLesGuillemets


« La vengeance vient comme la brise, elle repart comme le tonnerre. »

L'inscription à l'entrée du village était pourtant claire, ici à Tordinona l'accueil ne sera pas des plus chaleureux : « VOUS POUVEZ ENCORE FAIRE DEMI TOUR ».

Contraint de trouver rapidement un refuge à cause d'une tempête de neige, un voyageur va pourtant oser passer outre l'avertissement. Son espoir, trouver un toit pour s'abriter pour la nuit. C'est sans compter sur le « sens de l'accueil » plus que relatif pour ne pas dire inexistant des habitants.
Au même instant, deux gendarmes sont en visite dans le village pour y rencontrer le maire dans le cadre d'une de leur patrouille habituelle.

Les conditions météorologiques deviennent alors apocalyptiques. Une avalanche détruit la seule route d'accès à Tordinona bloquant ainsi ensemble villageois, voyageur et gendarmes. Bientôt l'électricité est coupée, puis c'est au tour des lignes téléphoniques. le piège se referme.

« C'est un vent féroce. C'est un hurlement. C'est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Elle passe en sifflant comme un serpent sur un corps à demi enseveli dans la neige. Sous son souffle, une mèche de cheveux se soulève et frémit. À côté de la tête dont les yeux éteints fixent le ciel, une larme rouge cinglante sur les cristaux blancs ; une unique goutte de sang figée par le froid. »

Comme si la situation n'était pas assez difficile, on retrouve le corps sans vie de la fille du maire. Pour ce dernier le coupable est tout désigné, il s'agit forcément du nouvel arrivant. Aveuglé par la douleur, la colère et surtout par sa haine de « l'étranger », il entraine avec lui une partie du village dans une vengeance aussi violente qu'impitoyable.

Sébastien Vidal excelle à faire entrer le lecteur dans son huis-clos oppressant grâce notamment au soin apporté pour décrire l'atmosphère des lieux, mais aussi la force des éléments. Ça souffle fort, le froid est cinglant, la nuit noire et profonde. On sent l'amateur de nature writing tant ses descriptions sont soignées, souvent très contemplatives, voire poétiques. C'est pour moi le gros point fort de ce roman.

J'ai en revanche quelques réserves sur le village en lui-même. L'auteur m'a semblé y aller parfois un peu fort sur le côté bas du front, barbares et ultra racistes des habitants de Tordinona. Par contre la contamination insidieuse à tout le village de la vengeance et de la violence est très intéressante et raconte bien les rancoeurs qui gangrènent les hommes au fil des années.

Cette exagération se retrouve aussi dans l'intrigue qui connait, surtout vers la fin, des rebondissements pas toujours très crédibles. Pour autant l'histoire est prenante, sans temps mort et profite bien de ce format plutôt court.

Merci à Wyoming dont le billet m'a permis de découvrir ce roman et cet auteur. Charmée par le style de Sébastien Vidal, j'irai certainement piocher de prochaines lectures dans ses autres livres.
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