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EAN : 9782384313211
270 pages
Le Mot et le reste (22/03/2024)
4.35/5   34 notes
Résumé :
Près de la frontière italienne, en zone blanche, le village de Tordinona est l’isolement incarné. Voyant la tempête qui se prépare, la patrouille de gendarmerie composée de Marcus et sa cheffe Nadia s’apprête à partir quand le garde-champêtre du village découvre le corps sans vie de la fille du maire. Dès le lendemain, alors que le seul pont reliant le village à la vallée a été détruit par une avalanche, le maire et une partie des villageois s’en prennent à un homme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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La masse critique privilégiée de Babelio, c'est une belle opportunité de lire un livre très récent -- celui-ci a été imprimé en mars 2024 -- mais surtout de tomber sur ce que certains lecteurs appellent des pépites et c'est bien le cas de ce polar en huis clos où le suspense pousse le lecteur à tourner très vite les pages. Je remercie donc Babelio pour cette sélection, les éditions le mot et le reste qui m'ont envoyé le livre et Sébastien Vidal d'avoir écrit un si roman d'une telle qualité.

De neige et de vent déroule tous les fils de ce qui est apprécié dans une lecture où peuvent être satisfaits ceux qui aiment la montagne et la nature, l'intrigue policière qui va ici s'exacerber de manière inattendue, les douleurs et doutes de l'existence, le bien et le mal, la bêtise humaine qui se décuple lorsqu'elle est portée en groupe.

Je pense qu'il ne faut rien dire de l'histoire hormis ce qu'en livre la quatrième de couverture que chacun peut choisir de lire ou non, donc pas de développement de ma part dans ce commentaire.

C'est donc un roman dans lequel de très fortes personnalités vont s'exprimer, des plus douteuses suivre le mouvement de la masse, d'autres plus isolés se démarquer d'une violence injustifiée. Ce texte est porteur d'analyses sociétales assez classiques avec l'ordre déboussolé, les marginaux dangereux uniquement dans l'imagination des bien pensants, l'honneur, les blessures physiques et morales, tous les protagonistes dévoilant peu à peu nombre de secrets, le plus tragique sans doute dévoilé à la toute fin.

C'est aussi un vrai roman de nature writing avec des références au Montana, au Wyoming, à des écrivains comme Richard Wagamese qui est cité par Sébastien Vidal, mais aussi le héros des livres de Craig Johnson non cité mais que ses fans reconnaîtront. Toutes les descriptions de cet enferment montagnard de l'hiver en montagne, le blizzard, l'avalanche contribuent à renforcer l'atmosphère saisissante de ce très beau roman.
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Un voyageur et son chien. Deux gendarmes. Un village perdu à la frontière franco-italienne. le corps d'une adolescente découverte par le garde champêtre. Un drame qui va faire basculer le village de Tordinona dans une violence extraordinaire.
Pour ce village isolé, peu habitué à voir des étrangers, le coupable est tout trouvé : il s'agit du voyageur basané. D'autant que le père de la victime est le maire de la commune. Un colosse de près de deux mètres qui a bien l'intention de rendre la justice à sa manière, aidé dans ses oeuvres par sa fidèle escouade de chasseurs et d'employés fidèles. Il s'en est effectivement fallu de peu que Victor se retrouve pendu au bout d'une corde. Heureusement pour lui, Marcus et Nadia, les deux gendarmes, sont intervenus à temps. Mais le maire a bien l'intention de ne pas en rester là, quitte à considérer les deux militaires comme de simples dégâts collatéraux. Compte tenu de la météo défavorable et d'une avalanche qui a bloqué l'accès au village, la seule solution pour le trio afin de se protéger de ces hommes armés et déterminés, est de se barricader dans la mairie en attendant que l'orage passe. Ils ne sont malheureusement pas au bout de leur peine.

Je découvre avec un plaisir non dissimulé cette nouvelle plume qui vient d'être récompensée par le Prix Landerneau Polar 2024. le corrézien fait mouche avec ce roman parfaitement calibré qui allie un scénario sans faute nous réservant son lot de rebondissements avec une atmosphère angoissante accentuée par cette neige omniprésente qui change les repères et vient à couper du monde ce village. Cette neige et ce vent impétueux qui apportent le chaos climatique alors qu'un esprit de vendetta a déjà gagné les hommes du village. Capables des pires extrémités en toute impunité dans cet univers en forme de huis clos.
L'auteur montre ainsi les dégâts de l'intolérance dans un milieu refermé sur lui-même. La haine qui gagne sur la raison même si l'auteur nous réserve quelques ( belles) surprises en forme de contre pied à cette masse agissante et rugissante sous l'emprise d'un homme qui a perdu tout discernement. Comme si le Bien ne pouvait que vaincre le Mal au final.
Je recommande .

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« La vengeance vient comme la brise, elle repart comme le tonnerre. »

L'inscription à l'entrée du village était pourtant claire, ici à Tordinona l'accueil ne sera pas des plus chaleureux : « VOUS POUVEZ ENCORE FAIRE DEMI TOUR ».

Contraint de trouver rapidement un refuge à cause d'une tempête de neige, un voyageur va pourtant oser passer outre l'avertissement. Son espoir, trouver un toit pour s'abriter pour la nuit. C'est sans compter sur le « sens de l'accueil » plus que relatif pour ne pas dire inexistant des habitants.
Au même instant, deux gendarmes sont en visite dans le village pour y rencontrer le maire dans le cadre d'une de leur patrouille habituelle.

Les conditions météorologiques deviennent alors apocalyptiques. Une avalanche détruit la seule route d'accès à Tordinona bloquant ainsi ensemble villageois, voyageur et gendarmes. Bientôt l'électricité est coupée, puis c'est au tour des lignes téléphoniques. le piège se referme.

« C'est un vent féroce. C'est un hurlement. C'est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Elle passe en sifflant comme un serpent sur un corps à demi enseveli dans la neige. Sous son souffle, une mèche de cheveux se soulève et frémit. À côté de la tête dont les yeux éteints fixent le ciel, une larme rouge cinglante sur les cristaux blancs ; une unique goutte de sang figée par le froid. »

Comme si la situation n'était pas assez difficile, on retrouve le corps sans vie de la fille du maire. Pour ce dernier le coupable est tout désigné, il s'agit forcément du nouvel arrivant. Aveuglé par la douleur, la colère et surtout par sa haine de « l'étranger », il entraine avec lui une partie du village dans une vengeance aussi violente qu'impitoyable.

Sébastien Vidal excelle à faire entrer le lecteur dans son huis-clos oppressant grâce notamment au soin apporté pour décrire l'atmosphère des lieux, mais aussi la force des éléments. Ça souffle fort, le froid est cinglant, la nuit noire et profonde. On sent l'amateur de nature writing tant ses descriptions sont soignées, souvent très contemplatives, voire poétiques. C'est pour moi le gros point fort de ce roman.

J'ai en revanche quelques réserves sur le village en lui-même. L'auteur m'a semblé y aller parfois un peu fort sur le côté bas du front, barbares et ultra racistes des habitants de Tordinona. Par contre la contamination insidieuse à tout le village de la vengeance et de la violence est très intéressante et raconte bien les rancoeurs qui gangrènent les hommes au fil des années.

Cette exagération se retrouve aussi dans l'intrigue qui connait, surtout vers la fin, des rebondissements pas toujours très crédibles. Pour autant l'histoire est prenante, sans temps mort et profite bien de ce format plutôt court.

Merci à Wyoming dont le billet m'a permis de découvrir ce roman et cet auteur. Charmée par le style de Sébastien Vidal, j'irai certainement piocher de prochaines lectures dans ses autres livres.
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 De neige et de vent », crépusculaire, vertigineux, dans les boucles d'une nature indomptée, hivernale, d'une beauté surprenante. C'est un roman sidérant de maîtrise, contemporain, sombre et tempétueux.
Un décorum emblématique, l'atmosphère à l'instar d'un brouillard épais. Ici, le reflet des noirceurs de l'âme humaine.
L'intensité d'une histoire, qui attire les torpeurs manichéennes. L'ombre et la lumière, la dualité et les disparités.
Les gravités sourdes et sournoises, des faillites sociétales. Bien au-delà d'un récit captivant, l'adrénaline fois mille, les signaux vifs des vulnérabilités. le passage à l'acte sur un fil de plus en plus mince, où tout peut vite basculer dans l'épaisseur des paysages.
Aux lisières qui retiennent immanquablement les désenchantements, les jalousies, les rêves blessés, les affres intestines. Ce qui diffère du vertigineux et de l'enchantement.
Ne pas oublier que : « L'homme est un loup pour l'homme » selon Hobbes. Ici, tout prend sens.
Dévorant de messages, efficace, ce récit bouscule avec évidence et rigueur, le point d'altitude de la sérénité.
Le village de Tordinona est lui aussi un protagoniste central de ce huis-clos.
C'est une mise en abîme finement politique, sociétale, et sociologique. Une plongée dans le microcosme des préjugés prégnants. Entre la violence, la radicalité des a priori.
« C'est un vent féroce. C'est un hurlement. C'est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Une silhouette se dessine à peine. »
Un voyageur des hasards, l'étrange (er), arrive subrepticement dans ce village où d'aucuns n'échappent aux virulences du rejet de l'autre. Qui, du regard, de l'hostilité, guetteurs (euses) des ombres.
Défendre le territoire, l'exigence de tranquillité. Il est ici. Cet homme. Victor Pasquinel.
« Ça fait des années qu'il marche à travers la France, et aussi en Italie. C'est là-bas qu'il veut se rendre. »
La tempête s'élève, insidieuse. le vent tourne. Il fragilise, embrase et se métamorphose, insensible et irrémédiable.
L'écriture coopère avec ce temps des vulnérabilités.
« Les flocons jetés contre le visage de l'homme deviennent des balles cinglantes. »
On ressent le tumulte des neiges chahutées, l'effroi presque gémellaire avec ce qui va advenir d'implacable.
La langue d'une trame sublime, qui happe entre la fureur et le calme. Elle laisse surgir les profondeurs obsédantes dans une orée d'une nature writing majestueuse. Victor Pasquinel se dirige vers la ferme des jeunes marginaux. Des néoruraux, dont les villageois se méfient. Tout est mêlé, au corpus des éléments. Dans un même tempo, Orazio prévient le maire qu'un drame vient de se produire. Basile Gay, le maire, un homme xénophobe, anti-héros, rude et pervers, apprend de plein fouet qu'il s'agit de sa fille. Ils vont auprès d'elle. le maire comprend que sa fille a été assassinée.
C'est le basculement dans le chaos. L'électrochoc qui va enclencher les haines et le vertige glacé des similitudes avec notre monde. Un absolu de rage, une scène au ralenti, filmique, irrévocable. L'hostilité ténébreuse et le froid qui gerce les coeurs. Tout est lié au délitement de ce village dont les frontières mentales vont être un exutoire de rejet.
Victor Pasquinel est soupçonné. Ce ne peut être que lui. Les frontières entre l'Italie et la France, le coeur des Alpes est foudroyé. L'unique pont qui relie le village du reste du monde vient de s'écrouler sous une avalanche. Prémonition. le piège tarentule devient une parabole. On ressent d'emblée les déchirures d'un village où l'ambiance délétère est l'idiosyncrasie d'un racisme aux abois. Un village, emblème de faux-semblants, des hypocrisies, d'un racisme, celui du maire qui dirige les habitants d'une poigne de fer. Un gourou. Les anciens contre les justes arrivés. le liant ne prend pas. Un village où d'aucuns est une cible. Une cabale est lancée. L'étau se resserre. Nadia et Marcus, sont les deux seuls policiers de ce village damné, virulent et prêt à imploser. Ils vont faire bloc contre le maire et ses acolytes qui accusent d'emblée Victor.
« La malédiction de ce lieu est le manque, le manque d'amour et le manque de mots. Il n'y a que le vent, qui ne fait jamais que passer, pour pousser son hurlement et enfeindre la règle de la saison froide et muette. »
« Et peu importe le prix à payer. Ce qui compte, c'est assouvir ses bas instincts et ses passions tristes. »
« De neige et de vent » est un huis-clos palpitant et lucide. La nature signifiante peinte avec l'art des mots de Sébastien Vidal. C'est un livre charnel, magnétique.
« Nous avons tous un destin, mais nous avons le libre arbitre. »
Un roman profondément humain, fulgurant et hypnotique.
Une canopée ténébreuse qui tient en haleine jusqu'à l'apothéose du point final. Publié par les majeures Éditions le Mot et le reste.
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« De neige et de vent » se déroule près de la frontière italienne, dans le petit village de Tordinona. le lieu importe peu finalement, puisque, si je ne m'abuse, il est fictif. Seul le « Teatro Tordinona », théâtre situé à Rome, construit en 1670, puis reconstruit trois fois, ayant changé de nom plusieurs fois, dispose aujourd'hui de trois salles d'exposition dont l'une porte le nom d'un illustre dramaturge, Luigi Pirandello. Heureux hasard ou coïncidence, Tordinona est précisément le lieu où se joue une pièce de théâtre grandeur nature, où les acteurs de l'intrigue imaginée par Sébastien Vidal pourraient être vous et moi. Car, dans ce microcosme, miroir de notre société, fleurissent nos humanités, qu'elles soient abjectes ou honorables.

Ce qui distingue Tordinona de n'importe quel village est son emplacement où un seul pont permet de s'en échapper. Isolé, en zone blanche, entouré de montagnes, il est aisé d'en demeurer prisonnier. Ce sont précisément des conditions météorologiques dantesques « De neige et de vent » qui vont séquestrer ses habitants du reste du monde. « Le blizzard furieux malmène les flocons qui grêlent les murs et les toits, piquent avec acrimonie leur visage, tout est balayé et bouleversé. le hurlement de la bise qui se prend dans les gouttières et les branches dépouillées agresse les tympans, la lumière donne l'impression de mourir. de sombres nuages obèses formant un vaste océan aux limites inconnues compriment le village. le clocher a désormais disparu dans leur ventre et on ne sait plus où commencent les rafales de neige et où finit le ciel, plus bas que jamais. » Parallèlement, Marcus et Nadia, gendarmes, vont être appelés par le garde champêtre sur les lieux d'un drame : le corps d'une jeune femme a été retrouvé, sans vie. Il s'agit de la fille du maire, Basile Gay.

À Tordinona, plusieurs camps s'affrontent : les anciens et les néoruraux. Les premiers vivent là de père en fils depuis le dix-neuvième siècle. Des bourrus, des taiseux, aux coeurs aussi durs que la roche. Leurs femmes sont dévouées, soumises, l'émancipation a raté le virage du village. Les seconds ont repris une ferme, élèvent des chèvres et des brebis, font du fromage et ne sont pas acceptés par les habitants. « Ici, on n'aime pas le changement, donc on n'aime pas les étrangers, même les touristes, qu'ils aillent se faire escroquer ailleurs. » Alors, quand Victor Pasquinel, voyageur « de passage où il ne fallait pas » arrive dans le bourg avec son chien, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit accueilli les bras ouverts… La découverte d'un cadavre catalyse une multitude d'émotions, et pas seulement les plus positives.

« De neige et de vent » est un huis clos où la notion de justice n'existe plus et où les haines suscitées par la méfiance de l'autre prennent toute la place. « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. », si ce n'est ton frère, c'est ton voisin, ou ces néoruraux « ces accidents de la nature » qui empoisonnent notre manière de vivre, ou encore cet étranger qui a franchi le pont de la ville récemment. C'est l'heure du déchaînement des haines déclenché par ce décès incompréhensible. La mort de Caroline n'est d'ailleurs qu'un prétexte à cette étude sociologique où la fourmilière s'agite, retirée des règles sociales de base à cause d'une mauvaise tempête. »(…) on serait plutôt dans un état ségrégationniste américain quelque part à la charnière des années cinquante-soixante. Au point où ils en sont, ils vont arborer des cagoules pointues et enflammer des croix devant les maisons de ceux qu'ils détestent. » L'observation de ce déchaînement de la nature humaine est aussi passionnante que pathétique, ceux qui pensent être dans leur bon droit face à ceux qui défendent le droit. Un maire omnipotent, deux gendarmes blessés par la vie, mais combatifs et déterminés, des villageois résignés et manipulés.

Sur la grande scène du théâtre de la vie, « De neige et de vent » est un flocon de neige presque insignifiant, mais pourtant fort révélateur de ce dont l'homme est capable, livré à lui-même. Sébastien Vidal y développe la peur de « l'étranger », la haine de la différence, l'apogée d'une forme d'extrémisme, la violence exacerbée, le désir de vengeance qui vient balayer toute raison. Dans l'esprit des grands romans américains, une large partie est consacrée au décor, cette nature qui reprend ses droits et vient ensevelir les dernières onces d'humanité. « La malédiction de ce lieu est le manque, le manque d'amour et le manque de mots. Il n'y a que le vent, qui ne fait jamais que passer, pour pousser son hurlement et enfreindre la règle de la saison froide et muette. » Au-delà de la poésie qu'il manie avec grande dextérité pour décrire l'environnement, quand tous sont retirés du monde et ne rêvent que de vengeance, seuls les deux gendarmes profitent de cette opportunité pour faire le point sur leurs existences. Nadia touchée dans sa chair, Marcus dans son esprit. Leur retranchement forcé dans ce monde où tout va trop vite permet ce temps d'introspection dont ils sont si cruellement besoin. Pour Victor, l'homme à protéger, l'observation de sa conscience et le souvenir de ses voyages passent par l'écriture. Il tient un carnet où se mélangent textes divers, poèmes et pensées. Même les « âmes grises » de ce village n'ont pas le pouvoir d'arrêter ses mots. « Il se dit que la vie des humains devrait être rythmée par ces deux évènements fondamentaux que sont l'horreur et le crépuscule. La Grande Parenthèse dans laquelle se développe la Vie. Ce serait un beau moyen de reprendre contact avec leur origine, la Nature. »

« De neige et de vent » prend souvent la forme de toiles que l'on visite en arpentant le roman. Les tableaux se succèdent, jour, nuit, jour, nuit, mais je souhaite insister sur l'écriture de Sébastien Vidal qui autorise ce prodige : « Le jour est là, la nuit s'est réfugiée dans les sous-sols, dans les greniers et les caves humides. Elle s'est repliée au plus profond des forêts, sous la neige et peut-être aussi dans le tunnel. Elle n'est pas partie loin car elle sait que l'intermède sera bref. La lumière qui ratisse le village tombe de fatigue. Grise, lente, dessinée au crayon de papier. Elle jette sur toute chose un masque de mort, une allure affligée d'exister. », la nature se façonne pour prendre des allures humaines, « Les ventres blancs marbrés de noir des bouleaux accentuent le tableau morne qui se peint et se dépeint sans cesse. On dirait qu'ils pleurent et que du rimmel coule sur leurs troncs d'un marmoréen sale. », la neige et le vent écrasent tout, les contours des lieux, les paysages, les hommes et leur raison. « La neige recouvre le village. Tout est blême. Les turbulences du vent augmentent. L'océan de nuages est si bas qu'il projette une couleur écrue, parcourue de veines grises et noires. La lumière rasante donne une impression d'épuisement. »

Grâce à une écriture riche et évocatrice, Sébastien Vidal dépeint le décor hivernal impitoyable qui enveloppe le village, créant ainsi une atmosphère sombre et oppressante. Les descriptions minutieuses des paysages enneigés et des tempêtes de vent renforcent le sentiment d'isolement et de désespoir qui imprègne le récit. « De neige et de vent » se présente comme une exposition de toiles où chaque tableau dépeint une scène saisissante, où les éléments naturels semblent refléter les tourments intérieurs des personnages. L'écriture de Sébastien Vidal offre une immersion totale dans ce huis clos oppressant, où les émotions et les doutes des personnages s'entrelacent avec la force de la tempête qui fait rage à l'extérieur. Même dans cette lumière épuisée, l'auteur souligne la résilience de ces trois personnages retranchés, déterminés à vaincre la folie des hommes. « C'est Soulages qui doit être aux manettes, et dont Marcus acquiert la certitude qu'il y aura, à un moment donné, un trait de lumière sublime. » Si la lumière semble faible ou éteinte, elle offre pourtant un contraste saisissant avec l'obscurité d'une situation sombre et désespérée.

Découvrir la plume de Sébastien Vidal c'est comme se laisser envelopper par les rayons d'une flamme douce et apaisante dans un paysage enneigé et déchaîné. Chaque mot est une étincelle de poésie qui réchauffe l'âme et éclaire les recoins les plus sombres de l'histoire.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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critiques presse (1)
Actualitte
19 mars 2024
Un roman noir au style fluide — avec un vocabulaire riche, des phrases longues et une syntaxe soignée, ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Le lecteur navigue au fil d’une intrigue où les interactions ambiguës entre les personnes creusent le malaise. L’omerta est de mise.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
- Au son de ta voix tu n’as pas l’air enchanté.
- Pourquoi , je devrais ? Je me retrouve avec la même médaille que certains dictateurs, ou des patrons de multinationales qui fraudent, licencient des milliers de gens et saccagent la planète. Tu parles d’un joli club.
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La rancune c’est l’arme des gens qui ont de la mémoire.
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.
PAS MAL CELLE LA ; )

" En face, derrière la caisse et un antique comptoir, un homme dans la force de l’âge cesse d’essuyer un verre et fixe l’intrus comme s’il venait de voir un homme politique travailler de ses mains. "



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Ici, celui qui décide de tout n'est pas de l'espèce humaine; celles qui ont droit de vie et de mort, ce sont les saisons et la montagne, les premières sont immuables, l'autre est imprévisible.
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Il se dit que la vie des humains devrait être rythmée par ces deux événements fondamentaux que sont l'aurore et le crépuscule.
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