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Critique de Cigale17


J'ai lu cette BD avec une certaine appréhension : le sujet est de ceux qu'on passe volontiers sous silence et que, en vieillissant, on redoute d'aborder, à plus forte raison si on est promis à cet avenir… Yvonne a 80 ans ; après une vie bien remplie, un métier prenant et un récent veuvage, elle décide de vendre sa maison et d'aller dans un EHPAD. Quelle détermination chez cette femme ! Dans son souci de ne pas empiéter sur la vie de ses enfants, elle se résout même à euthanasier sa vieille chienne. Après cette brève introduction, Séverine Vidal raconte le quotidien aux Mimosas, les repas, la solitude, les soins, la maladie, la déchéance inévitable… Elle met en scène avec talent les mauvais comme les bons moments : les rencontres, l'empathie réelle de certains soignants, la solidarité qui se développe entre les pensionnaires. Voilà, c'est le mot : pensionnaires. L'ambiance rappelle celle d'un internat, avec l'interdiction de sortie, la vie réglée pour que rien ne vienne perturber la routine, l'exercice d'une autorité incontestée et normalement incontestable, l'infantilisation qui en découle, infantilisation induite par la maladie, la vieillesse et l'insupportable condescendance de certains membres du personnel, soignants ou autres. Pas gai, n'est-ce pas ? Non, pas gai, mais pas désespéré non plus grâce à la fantaisie et à la vitalité de certains personnages, Yvonne en tête, aptes à grapiller le plus petit morceau de bonheur et à plonger tête la première dans le bouillonnement de la vie !
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J'ai finalement beaucoup aimé cette BD émouvante toujours, bouleversante parfois, tant grâce au scénario et aux textes qu'aux dessins magnifiques de Victor L. Pinel. L'artiste représente la vieillesse d'aujourd'hui, en jeans et en tee-shirts, avec des vêtements et des attitudes d'aujourd'hui, mais des préoccupations de toujours. Il représente les corps de façon réaliste, avec beaucoup de naturel, sans voyeurisme ni pruderie. Il réussit à communiquer sa bienveillance dans la manière dont il dessine les différents personnages. Je sors de cette histoire bouleversée (comment ne pas se projeter ?), mais heureuse de l'expérience !
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Je remercie infiniment l'opération Masse critique de Babelio et Bamboo éditions (Grand Angle pour cet ouvrage) qui m'ont permis de profiter de ce petit bijou avant même sa sortie officielle.
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