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Critique de Etoilesonore


La définition classique fait remonter la modernité à la fin du XVe siècle. C'est une moment de grande bascule où tout un ensemble de référence sont repensées. Il y a d'un côté le monde chrétien qui dénonce la paresse et met les sociétés au travail et de l'autre un monde économique qui valorise la promptitude dans les échanges. Dans les siècles suivants, ce rythme soutenu sera érigé peu à peu en norme sociale et son non respect renvoyé à de la paresse.
Dans cette chronologie, la Réforme occupe une place très importante. L'homme a été créé pour travailler et non pour être oisif, nous dit Luther. Un homme qui ne travaille pas porte atteinte à ce qu'il y a d'humain en l'homme. A partir du XVIIIe siècle, le méthodisme, religion de la bourgeoisie industrielle anglaise, fera d'un temps de vie maîtrisé et dominé par le travail, la marque du respect envers Dieu.
Avec la colonisation du Nouveau Monde et la mise en esclavage des Amérindiens et des Africains, un vocabulaire spécifique s'impose pour dénoncer leur rapport différent au rythme du travail: paresse, indolence, etc. Si, du point de vue des Européens, ces sociétés sont archaïques, c'est aussi parce que leur rythme est différent.
D'ailleurs, les bourgeois conquérants n'hésitent pas à désigner, au sein de leurs propres sociétés, des pan archaïques, dont le symbole pourrait être la figure de don Quichotte, inadapté au monde moderne.
On peut d'ailleurs opposer, au sein de la même société occidentale, le monde urbain et le monde rural, car ce nouveau rapport à la vitesse se développe d'abord dans les villes, connectées aux grands réseaux d'échange. Gourmandes en main d'oeuvre, elles incitent les populations des campagnes à migrer. Ces neo-urbains sot aussi les nouveaux lents, tant les rythmes changent de manière drastique entre ces deux mondes.
Ceux que l'auteur appelle les hommes lents ont appris à vivre et à survivre malgré l'imposition d'un rythme soutenu qui s'est amplifié avec la révolution industrielle en devenant mécanique. Pour ce faire, ils ont dû trouver des brèches et reconstruire ce qu'on peut appeler un temps enchanté, c'est-à-dire un temps qui échappe aux contraintes des temporalités modernes. Un exemple: la syncope que l'on retrouve dans le jazz ou la samba. En prolongeant un temps faible vers un temps fort, elle ramène les marges vers le centre.
Le taylorisme, quant à lui a été mis en place pour neutraliser la force de nuisance des hommes lents, en découpant le travail en un certain nombre de tâches simples et répétitives. La multiplication de ces dernières, qui doivent être exécutées de façon rapide a pour finalité le contrôle de la cadence et l'accélération de la production.
A la fin du XIXe siècle, la méfiance des ouvriers vis-à-vis de la généralisation des machines va aboutir à des mouvements de protestations qui font de la lenteur une arme contre l'exploitation capitaliste. C'est aussi à cette époque que les romantiques vont mettre en avant un style qui ne pourra paraître que décadent aux yeux de la grande bourgeoisie industrieuse.
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