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Critique de Bookycooky


Le tour du monde en cent jours.....non ce n'est pas le roman d'aventures de Jules Verne dont j'ai confondu le nombre de jours, c'est celui de Christian Garcin et Tanguy Viel, deux de mes écrivains de prédilection. Un tour de monde effectué par deux compères, l'un grand voyageur, l'autre sédentaire, partant de Marseille, traversant l'Atlantique puis les États Unis, le Pacifique et le Japon, la Chine et la Russie puis l'Europe jusqu'à Paris. Ça ressemble au voyage de Phileas Fogg, mais à l'envers, et comme moyens de transport, bateaux, train et voiture, tout sauf l'avion. Quand à l'aventure, à l'ère Internet, elle n'est plus au niveau des conditions de voyage et de séjour, mais comme toujours chez Garcin, dont j'ai lu tous les livres de voyage, dans la perception "du monde et de sa percussion, de l'expérience et de son expression, de la beauté et de sa prise".

Pour qui ne connaît pas Garcin et ses livres de voyage, comme il le précise aussi lui-même, il n'est pas un "écrivain voyageur", qu'il définit comme des écrivains " qui pour l'essentiel n'écriraient pas, ou n'auraient pas écrit , s'ils n'avaient pas voyagé ". Son oeuvre est très éclectique, et ses livres de voyage, des expériences intimes et profondes dans "le sens de la découverte, de la déstabilisation, de perte de repères,
d'ouverture sur une autre dimension de l'expérience au monde", qu'il qualifie d'expériences de l'ailleurs. Une conception du voyage qui rejoint la mienne.

Ils embarquent donc sur un porte-containers à Marseille, destination NewYork, avec quelques jours de retard. Une traversée de l'Atlantique en 14 jours, qui ne semble pas trop les inspirer. Débarqués à New York, ils parcourent les États Unis de l'est à l'ouest , subjugué par la nostalgie des tribus indiennes décimées.
Passé au Mexique, à Ensenada, ils prennent à nouveau un porte-containers, direction le Japon et commencent à y prendre plaisir à ces traversées en cargo et aux changements de fuseaux horaires.....Arrivée à Yokohama, "le mariage détonnant d'une conscience et d'un monde", en dit Viel qui y vient pour la première fois.......

Les deux compères alternent les chapitres, exprimant leurs propre ressentis sur les étapes à tour de rôle. Deux superbes écrivains, deux personnalités et deux styles différents, mais ici, alors que Garcin est dans son élément, la prose très particulière de Tanguy Viel a disparu dans le contexte "voyage", c'est une autre prose, un autre écrivain . Garcin est un grand voyageur, qui a déjà presque parcouru la totalité de ce tour du monde, alors que le sédentaire Tanguy découvre beaucoup de choses pour la première fois. Un voyage qu'ils vont vivre comme "un lent travelling* qui dans sa lenteur même pénètre comme une pluie fine dans le sol de chaque kilomètre parcouru", dans le sens qu'ils vivent le temps et l'espace présents, en ne prenant pas l'avion, utilisant des moyens de transport à vitesse humaine , sans but touristique. Une sensation confirmé par le Bouddha du musée nationale de Shanghai qui les yeux fermés leur murmure " le temps qui passe est un long travelling et qu'il faut apprendre à l'accompagner dans la nécessaire impermanence du monde."

Ce livre n'est pas un carnet de voyage, plutôt une ballade de 100 jours dans le temps et l'espace. "Un abondon quasi végétal à l'espace .... une photosynthèse " le définit Garcin, un défi que je trouve réussi avec de jolis photos en noir et blanc très simples, à la fin de chaque chapitre.

Un grand merci aux éditions J.C.Lattés et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.
#Travelling#NetGalleyFrance


*Mot anglais (cinéma). Mouvement d'une caméra qui se déplace dans l'espace.


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