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Critique de DonaSwann


Extrait de ma note de lecture : Depuis quelques dizaines d'années, mais avec une audience, me semble-t-il décuplée par #metoo, l'écriture inclusive tente de s'imposer, de même que la féminisation des noms de métiers... Assez conservatrice, du fait sans doute de mon métier de vestale (désabusée, la vestale), et intimidée depuis toujours par des règles d'usage et de prononciation que l'institution scolaire n'a pas eu le temps de m'inculquer en totalité, je suis plutôt à l'affût de mes éventuels manquements.

Ce conservatisme, ce purisme finalement, viennent de l'idée qu'"avant résidait le bon français, s'en écarter engendre les fautes". J'aurais dû me méfier un peu plus, vu que je n'ignorais pas, depuis mes études supérieures, que le français avait subi des réformes, notamment au XIVème et au XVIIème siècle, et je ne parle même pas des Grands Rhétoriqueurs car leur fonction a été plus "créative" que proscriptrice. Éliane Viennot est une historienne de la langue française et constate que dénier par purisme la légitimité d'une féminisation de cette langue, ne tient pas : plusieurs des réformes en question furent faites pour la masculiniser : cela prouve bien qu'elle faisait plus de place au féminin que les réformateurs ne le souhaitaient.

Je connaissais beaucoup des exemples (cette oeuvre en regorge) donnés de ces faits de langue féminins combattus et perdus et d'une syntaxe qui a persisté à faire des accords de proximité (comme en latin) très longtemps. Ce livre a ceci de plus qu'il circonstancie les attaques dans l'histoire du pays, celle des régnant.es et celle des élites intellectuelles et, ce que je trouve stupéfiant, c'est qu'en dehors de la régence d'Anne d'Autriche (à cause de la nécessité de justifier la monarchie absolue via la Fronde), j'ignore tout de ces moments où des reines se sont retrouvées à la tête de royaumes et de ce qui sont actuellement des régions. Cela engendra la promotion intellectuelle et artistique de femmes, tellement puissante qu'elle a aussi entraîné des mouvements de réaction masculiniste dans la clergie. Outre des ostracismes actifs, ôter du langage les réalités qu'on ne veut pas voir ni penser, le masculinisme des siècles passés avait déjà sa LQR. Cette masculinisation a touché la syntaxe, donc mais aussi le lexique ; celui qui faisait le plus peur à la clergie : aucun clerc n'avait peur de la concurrence d'une boulangère, en revanche, une philosophesse, une écrivaine ou une autrice (mots attestés dans la langue française dans les siècles passés), c'était inadmissible, ridicule, inconcevable donc interdit de l'écrire et de le dire, comme une impropriété.

Je pensais que ces usages avaient immédiatement été suivis au moins par les clercs et je découvre qu'en réalité, c'est l'école obligatoire de 1830 puis de la fin du XIXème pour les filles, qui a verrouillé cette masculinisation de la langue française, qui peinait à véritablement s'imposer à tous. C'est donc un usage bien plus récent que cela...

Donc si l'argument d'aller vers d'une langue éthique, inclusive, plus juste n'intéresse pas nos conservateurs, écouteront-ils l'argument du retour à un français ancien bien plus inclusif qu'il ne l'est aujourd'hui ?
Note de lecture intégrale sur mon blog :
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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