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Critique de migdal


Enquête passionnante et inquiétante sur le narcissisme et le voyeurisme contemporain, « Les enfants sont rois » révèlent la perversion générée par la monétarisation des contenus sur les services de partage de vidéos (YouTube et Instagram) et les dangers qui en résultent pour les enfants.

Mélanie Diore, star ratée de la télé réalité, projette sur le web, du matin au soir, ses enfants Kimmy et Sammy, dans des spots publicitaires achetés par Disneyland, McDonald's et autres multinationales. Elle tient en laisse son époux Bruno réduit au rôle d'assistant. Leurs vidéos génèrent plus d'un million de revenu annuel.

Tout va bien jusqu'au jour où Kimmy disparait lors d'une partie de cache-cache dans la cour de leur immeuble … La police entre en scène et Delphine de Vigan décrit le métier de « procédurier » qui assure la synchronisation entre Police et Justice. C'est un autre intérêt de ce reportage de valoriser la très procédurière Clara Roussel et les équipes policières.

Depuis la parution de « Priez pour petit Paul », il y a vingt ans déjà, les ouvrages alertant sur les menaces que l'internet représente pour les enfants sont rares et laissent les familles peu averties. Il suffit de lire la réaction du policier Cédric Berger réalisant que ses enfants sont accros aux vidéos de Kimmy et Sammy pour mesurer l'étendue des dégâts.

Combien de parents savent que leur progéniture est aux publicitaires ce que les bestiaux sont dans « L'amour est dans le pré » : il faut les gaver !

Voici pourquoi « Les enfants sont rois » est un ouvrage salutaire, incontournable, dont je recommande vivement l'étude par chaque famille.

Mais une enquête est-elle un roman ?

Force est de reconnaitre que l'intrigue « policière » est aussi sommaire que primaire, réduisant la police au rôle de témoin et que les « héros » sont des caricatures et non des personnes et qu'aucun d'entre eux ne suscite la moindre empathie. Mélanie est l'ombre d'une Loana. Bruno est pitoyable dans son rôle de cocu entretenu. Kimmy et Sammy ne se révèlent que dans le dernier quart du roman, dix ans après l'enlèvement, irrémédiablement détruits hélas. Et leur mère, ressemblant à nos politiques, répète au milieu du champ de ruines qu'elle a semées « tout va bien ; ne vous inquiétez pas ; tout va rentrer dans l'ordre ». Consternant et pathétique.

D'où, à mes yeux, une certaine déception et le sentiment que l'auteur est passé (par précipitation peut-être) à côté d'un véritable chef d'oeuvre.
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