Les heures souterraines

Les heures souterraines nous plongent dans un univers sombre avec deux histoires toutes aussi troublantes l'une comme l'autre. Nos deux protagonistes font face cruellement à un problème de taille nommé l'indifférence. Mathilde et Thibault sont pris dans un engrenage qui les attire inexorablement vers un néant sans fin. Ils sont tous les deux représentatifs d'un monde dans lequel la violence est une seconde peau. Lui est médecin urgentiste. Il passe des heures à côtoyer la maladie, voire la mort. Elle est veuve, a trois enfants jeunes à élever. Elle est cadre dans une entreprise en plein essor. Ils font partie d'un groupe social, qui vient de les rejeter. Un grain de sable est venu tout fracasser d'un seul coup d'un seul. Thibault attendait un petit plus de Lila. Mathilde vivait heureuse du temps où elle abondait dans le sens de son boss, Jacques, qui ne rêve que d'une chose, à présent, se venger habilement et indéniablement. Ce rejet les a plongés dans cette solitude fétide et absolue contre laquelle ils ne peuvent plus rien. Alors Thibault se noie dans le travail pour oublier ce qui l'étreint le plus jusqu'à l'étouffement. Mathilde n'a plus rien à faire et sombre peu à peu vers un trou noir avide de la happer. Ils marchent côte à côte, près de leurs ombres peu à peu dépecées de leur substance même. Ils sont épuisés par cette vie qui les efface indubitablement.
L'auteure habilement laisse le lecteur choisir sa fin. On pourrait très bien imaginer qu'ils se recroisent et qu'ils puissent repérer ce quelque chose qui les sauverait, se trouver pour dissiper cette ambiance délétère. Mais ici, l'auteure en a voulu vraisemblablement autrement. Oui revenons à ce titre emblématique Les heures souterraines, signe annonciateur d'heures douloureuses, vers les affres de l'Enfer, une chute inexorable et lente vers Le Styx, que plus personne n'oserait traverser. Et puis, après cette brève rencontre, Thibault voit par terre une carte au nom étrange, celle qui devait porter chance à Mathilde. Il la ramasse et la jette dans la première poubelle.
Cette-fois, il n'y aura plus aucun doute. Cette vie qui n'a qu'un seul but, « Anéantir » pourrait facilement arriver à ses fins, Mathilde se rapprochant un peu trop des rails du métro, et lui s'asphyxiant dans une dépression nerveuse, dont on ne peut se relever.
Un très beau texte écrit d'une belle plume.
Rose-Marie Thénin Septembre 2023

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