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Critique de Petitondine


J'ai eu l'occasion de lire "Ainsi parlait Nanabozo" au cours d'une opération Masse Critique et je remercie les équipes de Babelio et des éditions Thierry Magnier pour cela. La 4ème de couverture m'avait mis l'eau à la bouche : quelque chose s'est passé au sein d'une bande de lycéens, quelque chose de grave, au point que le grand public a appelé cela "l'affaire Wakan." Résumé incitatif plus qu'informatif, mais cela fonctionne. Rapide tour sur internet : Nanabozo, Wakan, tout ceci est en lien avec la spiritualité des peuples amérindiens. L'illustration en 1ère de couverture renforce mon hypothèse : un ado coiffé d'un bonnet aux oreilles de lapin, le visage grave et le regard impérieux. Je mise sur une déclinaison en mode sectaire de "La Vague", roman où des lycéens font l'expérience in vivo de la mise en place d'un système totalitaire.
Effectivement, dès les premières pages, le narrateur (Thomas – on l'apprend plus tard) présente l'élève au coeur de l'intrigue – Edwyn - et sa bande (le rigolo, l'amoureuse, l'intello, le costaud, la surdouée, la branchée, etc.) le seul inconvénient, c'est que cette présentation des protagonistes m'a semblé durer une éternité (la moitié du roman, en fait.) En effet, notre narrateur est un lycéen très bavard : il emploie des phrases à rallonge, avec peu de ponctuation. Je me perd dans le discours : où termine une idée et où commence une autre ? Et il use/abuse des digressions, à n'en plus finir. Il faut dire que Thomas a quelques lubies (obsessions ?) originales : les cheveux des filles, les fins de sourire, la théorie du chaos et Stella... Thomas semble ainsi être un élève à la sensibilité différente (personnage présentant un trouble autistique ?) Ce détail a une importance capitale sur votre attention de lecteur : soit vous êtes de ceux qui surnagent dans le flot ininterrompu d'informations énoncées par le narrateur, et cela ne vous empêche pas de suivre l'avancée, certes très lente, de "l'affaire Wakan". Soit vous êtes de ceux qui, comme moi, se noient sous cette déferlante de philosophie à base de volutes de fumée, et qui attendent désespérément que l'on en vienne au vif du sujet (parce que la logorrhée juvénile, ça va 5 pages mais après, faut que ça bouge !)
Bon, ma patience a été récompensée puisque la 2ème partie du roman est moins dans les digressions et plus dans l'action. le rythme s'accélère. Les personnages prennent tous de l'épaisseur. Thomas racontent la routine de la bande, transformée en confrérie spirituelle dont le guide chamanique est Edwyn. On retrouve les dilemmes habituels attachés à l'entrée dans la vie adulte (nos lycéens sont en terminale) : l'adhésion a de grands idéaux, le rejet de la société de ses parents, le besoin de s'affirmer en tant qu'individu tout en faisant partie d'un groupe uni, la peur de l'avenir, le contrôle de son destin, etc. On perçoit de chapitre en chapitre l'imminence du drame, on le devine, on l'effleure mais le suspense est bien gardé jusqu'aux dernières pages...
Catastrophe !!! Je fais comme Thomas : je parle, je parle mais je n'ai toujours pas dit l'essentiel. Alors, ai-je aimé "Ainsi parlait Nanabozo" ? Non, dans un premier temps car je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et l'intrigue était bien trop diluée dans les méandres intellectuels de Thomas. Mais, à partir du moment où notre narrateur recentre son récit sur la bande et ses projets, là, j'ai été ré-harponnée à l'histoire jusqu'au dénouement final et son épilogue. Épilogue d'ailleurs inattendu, qui m'a laissé une très bonne dernière impression... Il ne vous reste plus qu'une chose à faire : lire à votre tour ce livre pour confirmer/infirmer cette critique ;-)
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