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Critique de domi_troizarsouilles


J'avais trouvé ce livre en cherchant quelque chose qui soit tout à la fois Fantastique et Policier ou, à défaut, Fantastique et un éventuel autre genre. Je ne sais plus trop comment je suis tombée sur celui-ci, mais ce qui est certain, c'est que je me suis aussitôt arrêtée dessus pour une raison basique : je trouve la couverture vraiment magnifique, dans une couleur qu'on ne trouve pas si souvent que ça, tous genres confondus.

Mais à la lecture de ce livre, je suis relativement mitigée ; pas tout à fait déçue, mais pas super-emballée non plus. On a un postulat de départ assez convenu, et pourtant on sort d'un schéma trop traditionnel : c'est la paire de jeunes sorciers (d'origine extraterrestre, tant qu'à faire) qui se découvrent des pouvoirs extraordinaires, et a priori incontrôlables, et dans la foulée découvrent aussi qu'ils sont entourés d'obscurs rivaux, et même deux factions elles-mêmes antagonistes pour corser les choses. Cela donne une intrigue assez linéaire malgré quelques flashes-back, mais originale par rapport à ce qu'on pouvait attendre ! On a aussi quelques voyages à travers la forêt de Fontainebleau, Paris et même un vieux château en Écosse, le tout grâce à des rebondissements plus ou moins inattendus qui font qu'on n'a –vraiment- pas le temps de s'ennuyer. Et puis il y a ces fameuses fractales : pour moi une découverte, je n'en avais jamais entendu parler – en tout cas pas de cette façon – mais l'auteur est convaincant, et dès qu'il en parle, quelle que soit l'action qui les provoque, on est avec lui béat d'admiration devant leur beauté, on a envie de les voir nous aussi, peut-être même de les toucher du bout du doigt, et tant pis si elles sont dangereuses !

Par ailleurs, les personnages sont suffisamment attachants pour qu'on les suive, même quand l'intrigue même n'intéresse plus autant – pour des raisons que j'évoquerai plus bas. Ce sont surtout Tom et sa soeur jumelle Angeline (parfois surnommée Évanne, mais je n'ai jamais compris ni le lien entre ce diminutif et son prénom, ni les rares personnes qui sont autorisées à l'utiliser, et alors pourquoi…) ; ce sont donc eux les personnages principaux, entourés de toute une galerie d'autres, moins fouillés mais bien campés. Paradoxalement, c'est Tom, sa fougue, son sens de la justice (ou de la vengeance ?), son attachement à ceux qui lui sont chers, qui attire tous les regards… si bien qu'on se demande pourquoi c'est sa soeur, vers qui les spots sont beaucoup moins tournés pourtant, qui va hériter des pouvoirs les plus puissants, qui en plus ne se révèlent que bien plus tard… Un avant-goût pour un prochain tome ? Dommage aussi que la gémellité de ces deux-là n'ait pas été davantage exploitée : on les voit comme frère et soeur, qui s'aiment et se détestent (gentiment) tout à la fois, c'est un grand classique bien rendu (j'en ai un exemple constant sous les yeux à la maison !)… mais qui reste (à mon avis) superficiel en ce qui concerne une relation plus intime qu'on devrait pouvoir trouver entre deux jumeaux, surtout dans un contexte aussi particulier.

Pour le reste, à mes yeux, l'ensemble du livre pêche par ce bon vieil adage disant que « le mieux [que l'on remplacera ici par « trop »] est l'ennemi du bien ». Il y a trop de révélations toutes plus incroyables les unes que les autres – on veut bien que ces fameux zards soient des demi-sorciers d'origine extraterrestre, on veut bien que certains des rivaux soient parés d'un exosquelette monstrueux, on veut même bien que certains morts ressuscitent… mais tout cela est déjà tellement « gros » qu'on est très vite, très proche d'un sentiment de « trop ». Et en effet, à partir d'un certain stade, quand ce genre d'événements (je ne vais pas révéler les autres, ce serait du spoil, je suis déjà à la limite) ne cessent de se succéder, au fil de ces rebondissements précités, eux aussi très nombreux, trop… on finit par se sentir un peu essoufflé, on n'adhère plus à cette histoire exubérante qui défie toute logique depuis le début, et qui en rajoute des tonnes, si bien que l'ensemble se ternit irrémédiablement en perdant beaucoup de sa saveur et de sa magie. Au rebondissement suivant, au lieu de haleter avec les personnages mis à mal, on se demande tout à coup : « Encore ? n'exagère-t-il pas un peu ? »
Je suis bien consciente, tout simplement, que c'est peut-être moi qui ne suis pas (ou plus) capable d'apprécier un tel déferlement d'actions alambiquées. Il y a mon âge, indéniablement je ne suis plus une "young adult" depuis un certain nombre d'années ; mais c'est peut-être aussi l'effet d'avoir lu tout récemment deux livres tellement exceptionnels en leur genre, qu'un autre (celui-ci donc) un peu moins relevé ne pouvait tenir la comparaison, et dès lors paraître moins bien qu'il n'aurait été, si je l'avais lu après deux flops par exemple… Mais voilà, ce sont là les hasards de la lecture !

Cela dit, je pense que je ne suis pas seule en cause dans cette légère dépréciation, l'auteur est quelque peu « coupable », lui aussi ! Outre l'excès finalement peu convaincant de péripéties, la forme n'est pas tout à fait à son top : on est typiquement dans une autoédition qui aurait mérité un peu plus de soin. Oh ! j'ai lu bien pire, mais c'est quand même dommage… Il y a ici et là quelques coquilles, des fautes évidentes de relecture trop rapide, comme au début du chapitre 18 : « Comment vous te sens-tu ? » - ce n'est pas la seule, elles ne sont pas hyper-nombreuses, mais elles auraient pu/dû être évitées ! Et, malheureusement, il y a un certain lot de fautes d'orthographe ; je ne les ai pas comptées, à la grosse louche je dirais qu'il y en a une grosse vingtaine sur tout le livre, c'est-à-dire de toute façon trop. Pire : c'est toujours le même type de fautes, essentiellement une confusion entre les substantifs et les adjectifs de nationalité (l'un prenant une majuscule, l'autre pas, mais ici tout est en minuscules…), et les trop classiques non-accords (ou accords farfelus) des participes passés conjugués avec avoir… En outre, ces fautes, comme je disais relativement peu nombreuses, ont tendance à s'accélérer vers la fin du livre, comme si l'auteur s'était tellement emballé pour donner une fin digne de ce nom à son livre, sans plus penser suffisamment aux « détails annexes »… pourtant bien importants pour un produit fini de qualité !

Et pour ne rien arranger, c'est un autre détail mais qui m'agace passablement, car je suis très sensible à cela : on a l'inévitable personnage belge qui aurait son « accent belge » - ah le cliché tellement typiquement français ! Quand donc les auteurs français, qui se targuent d'avoir compris quelque chose à la Belgique, retiendront-ils qu'il n'y pas un seul accent belge, et certainement pas celui qu'ils s'escriment à imiter mais qui ne ressemble à aucun accent connu en Belgique ? L'auteur ici pousse jusqu'à créer un « humour belge » qui serait typique dudit personnage… je cherche encore à quoi il fait référence ! Mais bon, l'épilogue m'a consolée, si on peut dire : il n'y a pas que les Belges qui en prennent pour leur grade, je cite : [i]«Un policier australien qui avait des notions de français ? C'était aussi étonnant que pertinent dans ce cas précis.»[/i] Certes, on sait que les anglophones ont tendance à ne parler qu'anglais, c'est un fait avéré… mais ici transformé en un cliché qui englobe gratuitement toute une profession, c'est vraiment regrettable, même sous le couvert d'un pseudo-humour.

Ainsi donc, j'ai moyennement apprécié cette lecture originale mais aux événements tellement exagérés qu'ils perdaient toute crédibilité, toute adhésion de la lectrice que je suis ; je regrette les fautes d'orthographe et les clichés. Par contre, j'ai été vraiment séduite par ce monde de fractales, leur beauté, et j'ai bien envie d'en découvrir davantage… même si cela ne suffira pas forcément à me conduire jusqu'au 2e tome.
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