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Critique de berni_29


Juste après la pluie, me voilà égaré, hagard, oscillant entre les pages de ce recueil de poèmes de Thomas Vinau. Je me promène entre ces pages, cherchant à tâtons non pas une sortie mais une façon d'y revenir encore.
En ce moment, je passe des jours d'été avec cet auteur et justement il pleut depuis deux jours en Bretagne, un tel sort pourrait être plus pénible à d'autres personnes, ici je me délecte de cette pluie délicieuse pendant les vacances, car je lis.
C'est un recueil ample, deux cent soixante-douze pages, deux cent quatre-vingt poèmes. Des poèmes très courts, certains à la dimension d'un quatrain. J'ai découvert cet écrivain depuis peu. Je retrouve ici son ambiance, sa façon de caresser le jour qui vient, la vie, appréhender la lumière à travers les nuages et les tempêtes, nos tumultes, nos fuites, nos renoncements.
On peut se passer de poésie, comme on peut se passer d'amour. Non cette phrase me fait mal. J'en tente une autre : on ne peut se passer de poésie, tout comme on ne peut se passer d'amour. Oui, voilà ! Comme ces choses-là brusquement sonnent si vraies au coeur ! Comme une harmonie évidente, l'accord parfait...
Ici les poèmes de Thomas Vinau sont des vers qui parlent du quotidien, des mots de tous les jours,
une fêlure vient dans un mur et c'est une promenade qui commence,
j'adore les fêlures, les murs qui se lézardent,
les interstices par où entre la lumière,
j'adore le matin où l'on redevient enfant.
Des animaux insolites parfois se promènent dans les phrases du poète.
Il y a aussi des joies fulgurantes qui remplissent le jour, s'engouffrent dans les mots, nous disloquent,
des chagrins, des cauchemars,
écouter le ciel tandis que nos yeux sont encore absents, ou bien s'ouvrent sur ce vertige,
écouter la vie...
Captant l'éphémère et l'ironie, la poésie de Thomas Vinau nous dit ce qu'il y a Juste après la pluie, c'est-à-dire quelque chose de minuscule et d'insignifiant, une sorte de manuel de survie dans un temps devenu absurde qui broie l'essentiel. C'est une bouée de sauvetage, il nous faut plus que jamais nous arrimer à la poésie sous peine de sombrer dans le néant.
Les poèmes de Thomas Vinau viennent Juste après la pluie. Ce n'est pas n'importe quand. S'ils étaient venus avant, ce serait tout simplement différent.
Êtes-vous entrés dans une forêt juste après la pluie ? Avez-vous humé ce parfum qui vient tout doucement, remontant de la terre et des arbres ?
Avez-vous fait l'amour dans une forêt Juste après la pluie ? Sublime !
Juste après la pluie, c'est un chuchotement, une caresse, une poésie du présent, de l'instant, qui nous ramène à soi, au geste primal, à l'essentiel.
Chaque matin a son odeur particulière. Sa joie et ses doutes aussi. Les vers de Thomas Vinau disent cela.
De manière vivante.
« Une grand-mère
et un enfant
se sont endormis
dans le même visage. »
Beau, non ?
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