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Critique de Renod


Après avoir usé mes souliers en suivant les traces de Nestor Burma dans les rues de Paris, j'ai souhaité goûter à une lecture plus exotique. Par chance, je suis tombé sur la liste de Pecosa : « du noir à l'italienne ». J'y ai sélectionné ce roman sans trop savoir à quoi m'attendre.

L'auteur nous prévient en exergue : dans cette oeuvre de fiction, seule Bari, la capitale des Pouilles, « sa beauté crépusculaire, ses mille contradictions, les âmes déchirées de ceux qui y vivent » est absolument authentique. Nous allons suivre les destins croisés de deux de ces « âmes déchirées » : Roberto de Angelis, un lieutenant de police quinquagénaire et Giacinto Trentadue, un jeune dealer qu'il a pris en filature. Une amitié va naître entre ces deux hommes, Roberto se présentant comme un fonctionnaire du Trésor public. Mais ils vont connaitre deux trajectoires opposées : le policier victime d'insomnie et déstabilisé par sa relation avec une adepte du sadomasochisme va s'enfoncer dans la dépression quand le jeune dealer va prendre de l'importance au sein de son clan en se révélant être un tueur froid et efficace. La liaison dangereuse entre un flic et un truand… c'est un classique du genre mais je trouve que les ressorts de ce type d'intrigue sont bien exploités dans ce roman.

Alession Viola dépeint cette région du sud de l'Italie dans son ensemble. C'est une société postindustrielle où les clivages politiques autrefois explosifs se sont éteints. Les clans mafieux du centre-ville sont concurrencés par des organisations criminelles s'installant en périphérie de l'agglomération où elles développent leur influence sur l'arrière-pays. Dans ce roman, l'auteur décrit l'essor du clan de Poggiofelice. Ce village né d'un programme immobilier typique des années 90 est squatté par des familles de sous-prolétaires exclues du centre-ville. Elles y vivent en communauté sous l'égide d'un chef à l'autorité incontestable. le clan tire des revenus de toutes les activités criminelles imaginables : recel, prostitution, racket, paris truqués, trafics de cigarette, d'armes et surtout de drogue.

Le polar nous fait découvrir la beauté de Bari, ses vieilles ruelles, ses monuments historiques, ses plages et ses ports ouverts sur l'Adriatique. La gastronomie y a une importance cruciale : cela va de la malbouffe avec des panini ou des panzerotti cuits dans une huile rance, en passant par les spécialités locales : zampina, foccacia ou abats d'agneau farcis préparés par les matrone aux repas gastronomiques où les produits de la mer (calamars, oursins, huîtres) tiennent une place importante. C'est donc un tableau contrasté de Bari qui nous est livré : d'un côté, il y a la carte postale, une ville au riche patrimoine et aux spécialités culinaires irrésistibles ; de l'autre, il y a une société gangrenée par des « hordes sauvages » dépourvues de tout sens moral. le lecteur, a contrario du touriste, découvre grâce à ce polar les deux faces de cette ville.
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