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Critique de candlemas


Que l'on soit ou non fan d'antiquité, que l'on se soit ou non vu imposer Homère et les versions latines au collège, il est bon de lire Virgile, ou du moins une bonne traduction... pour le plaisir !

Tout simplement parce qu'il est, avec Homère, le maître de l'épopée, et que les auteurs d'heroïc fantasy et de films à grand spectacle doivent encore énormément à ces maîtres antiques.

Les meilleurs auteurs modernes, à commencer par Tolkien, ne se contentent pas de faire enchaîner à leurs héros combats, aventures et magie, mais, souvent, les faiblesses de ce héros sont le principal obstacle dans leur noble quête, et ce sont elles que l'aède ou troubadour moderne met en scène.

Ainsi, même si cette littérature est aujourd'hui lue, elle garde, quand elle est bien faite, quelque chose de la poésie de ces récits antiques psalmodiés ou chantés. La magie y est relayée par la présence des dieux et, contrairement aux chansons du haut-moyen-âge parfois grossières de ce point de vue, grecs et latins ont su manier l'hyperbole avec un charme inégalé.

Le récit de l'Enéide, destiné à asseoir la légitimité mythique de Rome, est bien connue : elle associe, en les inversant, les trames de L'Iliade et de l'Odyssée, Enée errant sur les mers avant d'atteindre le Latium, puis luttant pour s'y établir. Mais il est aussi et surtout un long poème classique, en hexamètres dactyliques, aux passages superbes -même traduits-, qui parviennent encore à émouvoir à notre époque où la poésie a évoluer vers des formes totalement différentes.

En modèle classique d'épopée, l'Eneide continue aussi d'influencer le genre romanesque, notamment quand celui-ci conte le voyage initiatique du héros qui, imparfait, connaît sa descente aux enfers -plus symbolique de nos jours-, avant de remonter par ses vertus. Ces vertus, dans l'Enéide, oeuvre d propagande commandée par Auguste comme le furent les peintures de David commandées par Napoléon, sont bien sûr celles du "viril" et prosaïque peuple romain, ce qui rend l'oeuvre à la fois proche et différente des chants homériens.

Sans être un spécialiste de l'Enéide, je terminerai en disant que c'est là un récit plutôt agréable à lire, et un beau roman d'aventures, dont la forme poétique ne gâche rien, même si ma médiocrité de latiniste peu assidu ne me permettait pas de le faire n VO.. Virgile, contrairement à Homère, adresse même des clins d'oeil de connivence au lecteur... divin privilège !
Je conseille de le lire dans foulée des récits homériens, comme je le fis moi-même, et avant Tolkien.

Surtout, il me semble indéniable, que l'on apprécie ou pas ce genre un peu désuet, que Virgile et son Enéide continuent d'influencer, relayés à travers des siècles par leurs successeurs, le roman, en particulier le roman fantastique et d'aventure, tandis que la poésie s'en est éloignée, malgré quelques joyaux produits. Certain des thèmes introduits par ces récits héroïques antiques sont tellement ancrés dans notre inconscient collectif que certains auteurs de fantasy font aujourd'hui, comme M. Jourdain, du Virgile sans le savoir...





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