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Critique de Charybde2


Une rareté : un Vollmann décevant, qui fait pourtant subtilement effet.

Une fois n'est pas coutume, ce bref (85 pages) récit de William T. Vollmann, publié en 2011, et paru en France en 2012 chez l'excellent Tristram, est décevant.

Racontant les quelques jours qu'il a passés à proximité de la centrale maudite de Fukushima, dans les semaines qui ont suivi le tsunami du 11 mars 2011, ces pages ont les qualités et les défauts du "récit à chaud", mené avec beaucoup de pudeur et d'honnêteté : les entretiens avec des personnes déplacées et les descriptions quasi-cliniques du paysage dévasté font ressortir beaucoup de banalités, et comme une sourde rythmique, le faible niveau d'information de ces Japonais sinistrés sur les risques liés aux radiations, et l'incrédulité lancinante de Vollmann lui-même sur leur faible sensibilité à ces questions, au pays d'Hiroshima et de Nagasaki.

Rien de très intéressant au fond hélas - ce dont Vollmann est conscient, et avec quoi il joue -, mais deux petits miracles, même "en creux", qui font honneur au talent de l'écrivain : son humour désenchanté d'une part, toujours présent y compris au coeur des phases les plus délicates de son petit périple, et sa peur, omniprésente, d'autre part, affleurant à tout moment, maîtrisée avec difficulté, qui éclaire - paradoxalement davantage que bien des discours - l'invisible péril qui rôde...

"Je déambulai dans la zone interdite, rien que pour dire que je l'avais fait. L'interprète fit un ou deux pas prudents derrière moi, puis s'arrêta. le chauffeur resta dans la voiture, vitres remontées. Chaque fois que je le regardais, il remettait anxieusement le moteur en marche. Aurais-je dû insister pour qu'il continue dans la zone d'évacuation forcée ? Mon dosimètre n'avait enregistré aucune augmentation récente ; s'agissant des rayons gamma, la situation semblait suffisamment sûre, et peut-être ce récit aurait-il été plus dramatique si j'avais été plus insistant, mais là encore, peut-être pas, car qu'aurions-nous vu, sinon d'autres maisons vides, et puis les dégâts du tsunami et du tremblement de terre, puis le réacteur - lequel, comme le montraient les photos prises par des drones et publiées dans le journal, ressemblait à n'importe quel chantier boueux ?"
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