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Critique de karmax211


Grand amateur de cyclisme, sport que j'ai pratiqué modestement en compétition, j'ai vu passer mon premier TDF en 1958. À l'époque, une certaine somme d'achats à l'épicerie de quartier vous donnait droit à des images de champion de "la petite reine" ; j'avais ma collection.
Un tout petit peu plus tard, au début des années 60, j'ai fait une collection "plus réaliste, plus tactile " de jolies miniatures ( des petits vélos de couleur, en fer, sur lesquels on pouvait faire "chevaucher" des coureurs en plastique aux maillots de l'époque... j'avais tout un peloton. Je créais un circuit... sable, terre, gravillons, et à l'aide d'une bille je faisais disputer une course à mes miniatures...).
Mes premiers héros avaient pour noms Rivière, Darrigade, Gaul, Bahamontes... avant d'arriver au duel historique Anquetil-Poulidor.
J'ai d'abord vu Poupou à la télé, puis sur route... avant de le rencontrer sur une départementale du Limousin ( terre de ma famille maternelle ) au début du mois d'août 68. Un grand moment. À l'entraînement avec Jean-Pierre Genet, je l'ai reconnu de la Simca 1100 que conduisait ma défunte mère. Je lui ai crié d'arrêter.
Poupou et Genet sont descendus de vélo et j'ai pu passer une bonne grosse demi-heure avec mon idole...
Quel souvenir !
C'est donc en passionné de ce sport mais en connaisseur ( pas l'expert des experts... mais enfin...) de son "histoire" que j'avais d'abord approché la légende de Gino Bartali.
Au tout début davantage pour avoir été le seul cycliste à avoir gagné le TDF à dix ans d'intervalle et avoir eu une carrière qui s'annonçait exceptionnelle quand elle fut brutalement interrompue de très longues années pour cause de Guerre mondiale, mais aussi pour avoir eu comme jeune rival, après son retour, " il Campionissimo" ( Fausto Coppi ).
C'est plus tard que j'ai appris que derrière le grand champion s'était toujours caché un homme bon qui, durant le fascisme et plus encore durant l'Occupation allemande, s'était comporté de manière exemplaire... en sauvant des Juifs et en servant de courrier ou-et de coursier à la Résistance. Parcourant des centaines de kilomètres sur son vélo pour porter des "plis" secrets... bravant le temps, la fatigue, le danger, la peur, les barrages, les contrôles d'identité, les fouilles.
Soupçonné et arrêté un peu avant la fin de l'Occupation, il s'en est sorti d'extrême justesse.
Au sortir du conflit, le "vieux" a remporté en 1948 son deuxième TDF, marquant ainsi l'histoire de son sport.
Je ne vais pas faire ici état de son palmarès détaillé...
Outre ses deux TDF, il a remporté trois "Giro"...ainsi que de nombreuses courses "annexes"...
Troisième fils d'un maçon et d'une ouvrière agricole, Gino Bartali est né en Toscane, à Ponte A Ema le 18 juillet 1914. Il avait deux soeurs aînées et un frère cadet, Giulio qui, s'il avait survécu à l'accident de course qui l'emporta le 16 juin 1936, se serait posé en sérieux rival de son illustre frère.
La famille est catholique. Gino, très croyant est surnommé "Gino le Pieux"...
Mauvais élève, il n'est passionné que de vélo et de mécanique.
Ses parents cèdent.
Il intègre les courses cyclistes pour amateurs avant de devenir professionnel.
La légende peut commencer...

Cet album a deux fonctions : une fonction "historique" et une fonction ludique.
Celle historique, entendez biographique, est correctement rendue.
La seconde ne bénéficie pas - affaire de goûts - d'un graphisme à la hauteur de mes attentes.
Le trait de "crayon" semble imprécis, vague, flou. Il y a des vignettes dont on se demande pourquoi elles ont été dessinées... un peu comme des phrases sans intérêt qu'on rajoute pour on ne sait quelle raison à un texte qui n'en a pas besoin.
Les couleurs, à dominante rouge ocre orangée pour les pans de vie "ordinaires" et bleu rougi pour ceux "extraordinaires", ont un petit quelque chose de "si on n'utilise pas ce procédé, tu crois qu'ils ( les lecteurs ) vont faire la différence ?".
J'avoue qu'en ce qui me concerne, ce rouge ocre orangé a agi sur ma lecture comme une mauvaise tapisserie qui agresserait les yeux...
Bref, je n'ai pas adhéré au graphisme.
Je confesse qu'après lecture, j'ai du mal à visualiser un visage, un décor, un objet. En fait je n'ai gardé que des traits de crayon esquissés sur un fond de couleurs flashy tendance agressif...
Mais peut-être est-ce là l'effet recherché... montrer que du banal, du commun, de l'inaperçu peut surgir le "merveilleux", l'inattendu ? du nébuleux et de l'indéfini, la lumière et la révélation ?
En revanche, la partie essentiellement biographique dit l'essentiel et permet de mieux faire connaissance avec un champion cycliste hors normes, élevé après sa mort au rang de Juste parmi les nations.
Une BD qui essaie de montrer que la conscience d'un homme peut avoir raison de la barbarie, et ça marche.
Une BD en hommage à Gino Bartali : "La mémoire de son courage est ainsi préservée au mémorial Yad Vashem de Jérusalem, dont le nom est emprunté à ce passage du livre d'Isaïe : Je leur donnerai un nom pour toujours."
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