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Citations sur Cultures pornographiques (18)

Je voudrais toutefois émettre l'hypothèse, peut-être un peu perverse, selon laquelle notre obsessions pour la pornographie, qu'on la consomme ou qu'on la critique (l'obsession étant encore plus importante dans les second cas), a moins à voire avec son contenu évident (le sexe) qu'avec ce qu'on pourrait appeler sa philosophie politique. (Laura Kipnis)
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J'entends par là que la pornographie est révélatrice. Elle ne révèle pas que des corps nus, transpirant les uns contre les autres. Elle expose la culture à elle-même. On peut envisager la pornographie comme la voie royale vers la psyché culturelle (de la même manière que, selon Freud, les rêves mènent à l'inconscient). La question est donc de savoir ce que dirait la pornographie si on l'allongeait sur un divan et qu'on la laissait faire des associations libres, ce que les histoires qu'elle nous raconterait nous montreraient comme tensions internes et conflits inconscients. (Laura Kipnis)
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Aux Etats-unis, la problématisation de la pornographie s'intensifie dans les années 1980 lors des pro wars (batailles du porno) qui se déclenchent au croisement des culture wars (guerres de la culture) lancées par la New Right contre les politiques d'égalité et des sex wars (guerres du sexe) lancées par un courant féministe dit "radical" contre la pornographie, la prostitution et le BDSM.
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De ces mobilisations politiques émergent les féministes pro-sex (pro-sexe), sex-positive (prônant une attitude positive vis-à-vis de toute pratique sexuelle consentie) et sex-radical (alliance politique des sexualités "hors-la-loi"), les mouvements et théories queer ainsi que le concept de sex work, ou "travail du sexe".
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L'indiscipline des pro studies consiste alors à replacer au centre des pratiques de recherche et d'enseignement ces mêmes textes "vulgaires" et " dégoûtants" qui avaient été évincés à la fondation aux XIXe et XXe siècles des différentes disciplines qui composent aujourd'hui le paysage des sciences humaines et sociales.
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Le porno est souvent défini en tant que genre filmique par sa prétendue absence de scénario. Le film porno typique, le film hardcore en tout cas, est censé comporter une série infinie de scènes de baises, qui, comme le remarque Beatrice Faust, ne suivent même pas l'ordre physiologique normal "enregistré" par Masters et Johnson. le porno gay (ainsi que ce que je connais du porno hétéro) foisonne pourtant de récits. Le récit en est en fait le fondement même. (Richard Dyer)
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La condition d'existence de la pornographie est un processus de civilisation dont les instruments sont la honte et la répression. L'un des thèmes centraux de la pornographie est l'idée que nous sommes des adultes qui ont un jour été des enfants, des enfants pour qui la socialisation a eu un coût élevé, souvent tragique. (Cette socialisation est par définition incomplète, si l'on suit la conception freudienne de l'inconscient comme entrepôt de tout ce qui est refoulé au cours du passage à l'âge adulte - par exemple, l'envie de baiser avec ses parents.) A l'évidence, une chose que notre société ne veut contempler sous aucun prétexte et sous aucune forme, c'est la sexualité infantile. Si l'on part du principe que la pornographie est bel et bien porteuse de complexité culturelle, alors ses sous-genres les plus exotiques apparaissent soudains moins étranges. Je pense notamment à ces sous-genres qui - du bondage et de la domination classiques, au terrain un peu plus pervers de la fessée et de la punition jusqu'aux contrées plus marginales de la fétichisation de la couche-culotte et de l'infantilisme - peuvent être vus comme des odes tardives et poignantes à l'érotisme de l'enfance. (Laura Kipnis)
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Le danger et le frisson de la transgression sociale peuvent aussi bien être profondément gratifiants qu'extrêmement désagréables, mais, dans un cas comme dans l'autre, la pornographie ne laisse personne inaffecté. Pourquoi? Parce que l'obsession de la pornographie pour la précarité et la perméabilité des frontières culturelles est indissociables de la finesse et de la fragilité de nos propres frontières psychiques. Nous sommes constitué.e.s du même système bancal de renoncements et de refoulements. Les allégories pornographiques de la transgression révèlent non seulement les frontières culturelles mais également les frontières subjectives dans ce qu'elles ont de plus viscéral. Et l'odeur de soufre qui entoure la pornographie signale à quel point les préceptes culturels qui nous continuent s'accompagnent d'intenses sentiments de honte aide désir. Un des buts de la pornographie est précisément de suture un embarras profond, de tourner en dérision le numéro d'équilibrisme psychique quotidien entre l'anarchie des désirs sexuels et la camisole de force des responsabilités sociales. (Leur Kipnis)
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