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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
J'aurais aimé, du fond du coeur, pouvoir dire du bien ce roman, dire qu'il m'a replongée dans le Kenya que j'ai eu la chance de traverser, dire qu'il m'a, en réalité, emmenée plus loin que ce Kenya de carte postale...

Mais honnêtement, c'est pas lisible.

En littérature comme partout, la forme a son importance, et l'absence précisément de littérature, quand on prétend écrire un roman, a tendance à m'irriter, tant j'aurais du coup préféré lire le Géo spécial Kenya, au moins j'aurais vu de belles images.

Je ne sais pas si le problème vient de la traduction ou du texte initial mais concrètement, le livre souffre d'une absence totale de maîtrise et de style, maquillée sous un passé simple désuet et mal employé.

C'est comme si l'auteur cherchait sa place, son ton, oscillant entre un langage soutenu à l'extrême (j'ai vu de l'imparfait du subjonctif, oui oui) et une vulgarité sortie de nulle part et parfaitement inappropriée.

Exemples de cette pauvreté littéraire:

"Voilà comment, le temps d'une soirée, je me comportai comme un simple flic chargé de résoudre une affaire qui le dépassait totalement; je partageai avec O une, deux, de nombreuses bières. Parfois, il est bon de prendre un jour de congé afin d'entamer la journée suivante le regard neuf"

Pire encore, quelques lignes plus bas:

"On fume et ensuite on dame c'te putain d'omelette, dit-il comme un mec du ghetto"

Comme un mec du ghetto...

Je n'ai même pas de mot pour commenter cette phrase...

A supposer qu'on parvienne à passer outre cette affreuse écriture, on ne se trouve pas mieux loti côté intrigue, laquelle se résume globalement à une succession de scènes sans lien entre elles.

Le tout est tellement artificiel qu'il est quasiment impossible de se projeter dans l'intrigue.

On retrouve le cadavre d'une femme blanche, (dont les cheveux blonds sont, je cite, "éparpillés" autour de sa tête) sur le palier d'un homme noir,universitaire et héros du génocide rwandais.

Ishmael, le flic, noir lui aussi, d'une bourgade de classes moyennes/aisées, plutôt blanche des Etats-unis, est chargé de l'enquête.

Deux pages après la découverte du corps, l'auteur lance déjà des formules éculées type "l'affaire piétine"... C'est-à-dire qu'à un moment, il faudrait déjà qu'elle commence avant de pouvoir piétiner.

On en est là à peu près (à part que le légiste pense que la victime se sentait très proche du tueur.... probablement qu'il est légiste et voyant en même temps) quand Ishmael, on sait pas pourquoi ni d'où ça sort, reçoit un appel lui disant que la réponse est au Kenya.

Et là, le chef de la police du bled l'envoie sans tiquer, et sans indice, au Kenya, le pays d'origine d'Ishmael donc, je vous épargne les détails du retour aux origines...

Quoiqu'il en soit, s'ensuit une enquête qui aurait pu être intéressante si elle avait été bien menée.

J'ai l'impression que certains auteurs oublient qu'écrire un polar ce n'est pas simplement poser un cadavre sur un perron et envoyer son personnage dans de lointaines et fabuleuses contrées.

Etre auteur de polar c'est savoir nouer les personnages entre eux, les faire évoluer en même temps que les faits, c'est un sens de l'à propos et une empathie qui permet au lecteur de s'identifier et de s'accrocher à l'intrigue.

S'il manque un de ces éléments, ça ne fonctionne pas, c'est tout.

Et quoiqu'il en soit, être auteur de polar en 2018, c'est n'avoir jamais, JAMAIS, à écrire ce genre de phrase:

"Je n'avais pas réussi à joindre le chef - mon crédit était insuffisant. O me suggéra de lui envoyer un SMS lui demandant de me rappeler. J'étais sceptique, mais son idée fonctionna car quelques minutes plus tard, le téléphone sonna."
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Si j'étais éditeur je n'aurais jamais publié ce roman. Et si j'étais mauvaise langue je dirais qu'il a été publié parce que l'auteur est le fils de Ngugi wa Thiongo, considéré comme le plus grand écrivain kenyan, parfois cité comme nobélisable. En tout cas, ce n'est pas être mauvaise langue que de dire que le fils n'a pas dépassé le père. On en est loin ! Mukoma wa Ngugi nous offre une prétendue enquête à travers une succession de scènes qui paraissent inspirées du cinéma, parfois de manière grotesque comme dans la poursuite des voitures avec fusillade en finale. J'ai d'ailleurs arrêté là ma lecture (p. 195 sur 279). le roman est parfois invraisemblable comme lorsque le narrateur, un inspecteur noir américain, casse la gueule à un Kényan qui refuse de lui donner des informations dans un bar ! le type l'a juste envoyé promener et l'Américain considère qu'il peut employer la manière forte. On est dans un western mais pas au Kenya où les étrangers ne frappent pas impunément les citoyens ! Il y a aussi une remarque qui a dû faire hurler les Luo, une communauté linguistique de l'Ouest. Elle a sans doute échappé au lecteur français mais Mukoma se ridiculise en écrivant cela. le narrateur mène l'enquête avec un flic luo qui le fait dormir chez lui et on apprend que ce Luo s'envoie en l'air avec sa femme dans le salon (puis le couple rejoint sa chambre) pendant que le narrateur se couche dans sa chambre. Je me permets donc de faire remarquer qu'au Kenya, quand on a un invité à la maison qui a rejoint sa chambre, on ne baise pas dans le salon ! Compte-tenu du racisme entre Luo et Kikuyu (communauté linguistique dont est issu Ngugi wa Thiongo, le père de Mukoma), à mettre en relation avec la principale rivalité qui a dominé la vie politique kényane (des présidents kikuyu sauf un et un opposant historique luo), cette remarque de Mukoma m'a scié ! Il devrait pourtant savoir de quoi il parle. C'est incompréhensible d'écrire une pareille bêtise même si je me doute que les Français ne doivent pas trop y prêter attention (remarquez, c'est bien connu, les Français, lorsqu'ils ont un invité à la maison, ils baisent dans le salon avant d'aller se coucher).
L'enquête elle-même, je n'y ai pas compris grand-chose. le narrateur inspecteur ne prend d'ailleurs quasiment aucune décision – hormis découvrir le Kenya et sortir avec la jolie femme de service – et il ne mène pas vraiment l'enquête. C'est plutôt l'enquête qui le mène (parfois par le bout du nez) ou qui vient à lui. le résultat c'est que le lecteur ne comprend pas pourquoi on en arrive à telle situation. Un exemple : un Kényan fait assommer l'inspecteur et le retient prisonnier. Il lui annonce qu'il était question de l'assassiner mais que ce n'est plus la peine. Pourquoi ? se demande le lecteur. L'Américain vient de débarquer, il n'a rien trouvé, il ne sait rien et, déjà, on veut le tuer ! (sans doute avant qu'il ne découvre la vérité… ça doit être ça, fallait y penser !). En tant que lecteur, j'ai trouvé tout cela bien incohérent. Il y a tout de même un thème du roman que j'ai apprécié. le racisme américain contre les Noirs (la situation de l'inspecteur noir qui va enquêter sur le meurtre d'une blanche) et le fait que les Kenyans traitent ce Noir américain de mzungu, c'est-à-dire de Blanc, ce qu'il est en partie. Mukoma wa Ngugi traite habilement ces situations. Pour le reste, c'est loupé.
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