Il feuilleta un livre qui était dans le sac. Il se souvint que Sanna lui avait dit à plusieurs reprises qu'il lui plaisait beaucoup, qu'il était drôle. A l'hôpital elle ne lisait plus que rarement mais pendant sa dernière semaine à la maison elle l'avait eu constamment entre les mains.
Elle avait souvent éclaté de rire et lui avait raconté ce qui était en train de se passer.
Il avait souri et fait semblant d'écouter.
Il n'était pas en état de penser à quoi que ce soit d'autre qu'à la peur que luis inspirait l'idée de sa mort.
Un signet indiquait la page à laquelle Sanna avait interrompu sa lecture.
Il se promit de lire ce livre et de lui raconter comment il se terminait.
Au bout d'un moment, l'aube arriva, et il observa, pour la première fois de sa vie, le jeu changeant des couleurs. Le noir devint gris et le gris, gris clair, bleu foncé, bleu pâle. Le jour se levait rapidement, sans à-coups, il manqua la transition alors qu'il se concentrait résolument sur le moment où la limite entre la nuit et le jour serait franchie.
C'était un matin froid et clair.
Il ferma les yeux et vit sur l'eau grise une barque grise dans laquelle Sanna était assise et riait. Il essaya de voir la barque rouge et l'eau bleue, mais cela ne fonctionnait pas. Plus il se donnait du mal, plus l'image perdait en couleurs. Au bout d'un moment, elle disparut tout à fait et il s'endormit, au moment précis où il se disait qu'il ne pourrait plus jamais trouver le sommeil.
Il se dit que l'idée de vivre éternellement était encore plus inquiétante que la mort.
Il comprit qu'il avait peur de la pitié des autres, peur de devoir exposer ses sentiments, des sentiments que lui même ne pouvait pas vraiment saisir.
Il se reprochait de ne pas avoir été à la hauteur... de l'avoir laissée seule avec sa peur de mourrir parce qu'il s'était accroché avec une obstination éperdue à un faux espoir, celui qu'elle pourrait vivre.
Kimmo Joentaa était allongé sur le ponton. Il avait étiré bras et jambes très loin de lui et essayait de ne pas bouger, de ne rien faire et de ne rien être.
Au bout d’un moment, l’aube arriva, et il observa, pour la première fois de sa vie, le jeu changeant des couleurs. Le noir devint gris et le gris, gris clair, bleu foncé, bleu pâle. Le jour se levait rapidement, sans à-coups, il manqua la transition alors qu’il se concentrait résolument sur le moment où la limite entre la nuit et le jour serait franchie.
C’était un matin froid et clair.
Lorsque le spectacle fut fini, il pensa combien Sanna aurait aimé être allongée auprès de lui en ce moment.