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Critique de Ellane92


"Cher bon dieu". Qui d'autre pourrait bien recevoir les confidences de Célie ? Sa mère est morte. Son père, après lui avoir enlevé à la naissance les deux enfants qu'il lui a fait, l'a mariée à "Monsieur", un veuf qui a plus besoin d'une bonne que d'une épouse avec ses 4 enfants en bas âge. Quant à sa soeur Nettie, après avoir fui les avances de leur père et de Monsieur chez qui elle avait trouvé refuge, ne donne plus de ses nouvelles. Pourtant, avant de taper à la porte d'une missionnaire noire qu'avait rencontrée Célie par hasard et qui portait dans ses bras une petite fille qui lui ressemblait, avait promis de lui écrire : "Il n'y a que la mort qui m'en empêchera". Mais Célie ne reçoit pas de lettre. Bientôt Shug, chanteuse et femme de mauvaise vie dont est amoureux Monsieur, avec son coeur sur la main et son corps brulant, apparait. Sans compter Sofia, la prétendante d'Harpo, le fils ainé de Monsieur, qui ne s'en laissera pas compter, ni par un homme, ni par un blanc. Et c'est toute la vie de Célie qui s'apprête à changer.

Quel roman magnifique, émouvant, sublime. Il faut dire que les personnages sont de ceux que l'on n'oublie pas, que l'on porte en nous bien après avoir refermé le livre.
C'est à la fois une sorte de photographie de la vie des femmes noires dans les années 1900 en Georgie, mais aussi un hommage à celles qui, noires et femmes, n'avaient que des handicaps pour mener leur vie. Battue, humiliée, maltraitée, Célie supporte tout en silence, avec dans son coeur ses lettres au bon dieu, et l'espoir insensé de revoir un jour sa soeur Nettie. Nettie, qui plutôt que de plier s'enfuit et prend son destin en main. Sofia, la belle Sofia, si dure, si aimante, si sure de son droit à exister et à être respectée, et qui pourtant sera brisée. Et Shug bien sûr, qui, par sa beauté, son talent, sa façon d'être, mène les hommes par le bout du nez. Il faut quand même dire de ces hommes que côtoie Célie qu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Les blancs non plus d'ailleurs n'ont pas le beau rôle.
Ecrit sous forme de lettres avec un seul expéditeur au départ (le bon dieu ne répond pas directement à Célie), "La couleur pourpre" nous parle de la place des femmes dans une société qui peine à évoluer, évoque leur transformation, nous parle de la religion, de l'espoir, du pardon, et de la rédemption. Il nous montre comment l'écriture peut sauver des femmes du désespoir. Et si le propos est souvent grave, l'auteur ne tombe jamais dans le misérabilisme, et l'écriture n'est pas dénuée d'humour : "Et alors ? S'il (le bon Dieu) ouvrait ses oreilles toutes grandes pour écouter les femmes noires, le monde ça serait quand même autre chose, c'est moi que j'te l' dis" !
Un vrai coup de coeur.
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