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Critique de JIEMDE


Daté…

Pas mieux pour décrire mon sentiment après cette lecture de la couleur pourpre d'Alice Walker, traduit par Mimi Perrin. Non que cette épopée croisée et épistolaire des soeurs Celie et Nettie aux destinées cruelles et séparées ne soit digne d'intérêt : j'ai vraiment suivi avec plaisir ces scènes quotidiennes dans ce village US du deep south, ce voyage missionnaire en Afrique via l'Angleterre, et ces amours tumultueuses et changeantes des unes et des autres.

Non que le style de Walker n'ait pas son charme, traduit « dans son jus » qui alterne le parlé de tous les jours dans cette communauté noire et quelques envolées stylistiques grandioses et touchantes : Ce n'est pas un hasard si La couleur pourpre fut doublement récompensé d'un Pulitzer et d'un National Book Award, excusez du peu !

Et non enfin que les personnages - Celie en tête bien sûr, mais aussi Nettie, Shug, Mr…, Sofia, Harpo – n'aient pas de relief, tour à tour agaçants ou attachants, détestables ou pardonnables : ils sont décrits avec tellement de corps qu'on comprend pourquoi ils étaient destinés à finir sur grand écran.

Mais malgré tous ces aspects, ce sont les thématiques de fond du livre qui m'ont perdu : racisme et ségrégation, inceste et abandons d'enfants, colonialisme et esclavagisme, condition féminine et patriarcat abusif. Aucun débat sur la véracité historique et le joug écrasant de toutes ces femmes et communautés qui ont eu à subir ces atrocités, mais l'accumulation de ces thématiques dans un seul et même livre finit par former un trop plein un bri indigeste.

Et surtout, chacun de ces thèmes semble parfois survolé sans être approfondi, et m'a souvent renvoyé à d'autres lectures américaines plus récentes. D'où cette sensation de livre daté. Probablement qu'il y a presque 40 ans, certains de ces thèmes étaient précurseurs en littérature (encore que…), mais les voix et plumes féminines, féministes, égalitaires ou matriarcales se sont depuis développées, libérées et émancipées, bien loin de ces dénonciations romancées trop gentillettes.

Lu dans la cadre de l'excellent #lecafeduclassique de @point.a.laligne, La couleur pourpre est bien un classique. Mais il souffre aujourd'hui du manque de force dénonciatrice et engagée qui font les grands livres. Classique donc.
Mais daté.
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