Citations sur Les coureurs de la fin du monde (29)
J’étais ivre. Je me suis endormi avant d’avoir pu prévenir ma femme. Mon fils m’a réveillé, sinon nous serions tous morts. Parmi les provisions que j’ai empilées à la hâte dans une caisse en plastique figurait une bouteille de vinaigre balsamique à moitié vide. J’ai repéré les tuyaux dans la cave, mais je ne savais pas si c’était des conduites d’eau ou de gaz car j’ignorais comment fonctionnait la maison. A un moment j’ai pensé que se serait peut-être plus facile s’ils étaient remplis de gaz …
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On se massacrait les uns les autres parce qu'on mourrait de faim en permanence et qu'on était terrorisé. Au cours des deux derniers siècles, nous avons mûri, nous avons compris des choses, construit des systèmes et des infrastructures qui nous ont apporté le bonheur et la santé. [...] On n'est pas censé vivre dans la boue, Ed. On n'est pas fait pour ça.
Rester immobile ou se mettre en mouvement. On choisit la meilleure option. Puis on répète ce choix cent mille fois de suite.[...] La vie ça n'est rien d'autre. [...] Cent mille décisions, simplement, et à chaque fois , prendre la bonne. Vous n'avez pas besoin de penser à la distance ou à la destination ou au chemin déjà parcouru ou à celui qui reste à parcourir. Vous avez juste besoin de penser à ce qu'il y a devant vous , et à comment vous allez faire pour le laisser derrière vous.
On ne court pas cinquante kilomètres, on court une foulée un grand nombre de fois.
— Comment avez-vous su ? a demandé Bryce. Comment avez-vous su que nous n’étions pas dangereux ? »
Rupert l’a dévisagé de son œil valide.
« Vous m’avez donné votre parole d’honneur, pas vrai ?
— Oui, mais…
— Le jour où on ne peut plus faire confiance à la parole d’un homme, autant laisser tomber. Ça ne vaut plus la peine. La civilisation est morte. »
Il a écrasé son poing sur la table, en poussant un grognement de satisfaction.
Les vivants couraient dans la poussière des morts, comme ils l'avaient toujours fait.
C'est dur d'être un humain. La plupart du temps, nous ne sommes que des idiots inconscients qui recherchent la joie dans un monde ravagé par la peur et la souffrance.
Comment aurions nous pu prendre soin d'une planète, alors que nous n'étions pas capable de prendre soin de nos pays, de nos villes, de nos propres communautés?
De nos propres familles. De nous mêmes.
De nos propres corps. De nos propres esprits.
— Tu sais pourquoi les gens se racontent des histoires, Ed ? » Il a attendu ma réponse, mais je n’ai rien dit. Il a reniflé, avant de reprendre. « Parce que la vérité n’a pas vraiment de mots à elle. Ils ne suffisent pas, tu vois ? Les histoires fonctionnent… les bonnes histoires… parce qu’elles nous font nous sentir comme on se sentirait en écoutant la vérité, si on pouvait l’entendre. »
— Il y a des gens qui bossent plus dur que vous ne l’avez jamais fait, et qui ne gagnent même pas une infime partie de ce qu’ils mériteraient. Croyez-moi, je sais de quoi je parle. Et aussi des gens, je parie, qui travaillent à peine et qui gagnent beaucoup plus d’argent que vous n’en aurez jamais.