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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Other worlds (épisodes 13 à 17). Il contient les épisodes 18 à 23, initialement parus en 2014, tous écrits par Jonathan Hickman. Valerio Schiti a dessiné les épisodes 18 à 21. Kev Walker a dessiné et encré les épisodes 22 & 23. La mise en couleurs est réalisée par Frank Martin, pour tous les épisodes.

Il faut impérativement avoir commencé la lecture de la série par le premier tome (Everything dies), et lire en parallèle la série Avengers également écrite par Jonathan Hickman, à commencer par Avengers world.

ATTENTION - Ce commentaire révèle des éléments de l'intrigue des tomes précédents.



Avec la série "New Avengers", Jonathan Hickman a trouvé un danger qui pousse tous les héros dans leur dernier retranchement. Il a imaginé le concept des incursions qui fait que 2 terres appartenant à des dimensions différentes en viennent à se percuter. D'un côté ce principe est d'une efficacité redoutable ; de l'autre le lecteur aurait pu craindre qu'il ne relègue les personnages au second plan.

Comme dans la série "Avengers", Hickman écrit sa série sur la base d'un concept (les incursions) qui génère un risque de destruction de la planète sans cesse renouvelé. Mais les Avengers ne peuvent pas utiliser 2 fois le même procédé pour sauver la Terre 616. du coup, chacun de ces héros doit s'investir et s'impliquer toujours plus, pour pouvoir imaginer de nouvelles solutions. Sous cet angle, le lecteur peut craindre une forme de répétition, et une prépondérance de l'intrigue dans la narration.

Avec cette nouvelle incursion, le pire (ou presque) se produit : non seulement la Terre qui menace la nôtre est habitée par des êtres humains, mais en plus elle est défendue par de valeureux superhéros qui souhaitent eux aussi sauver leur propre Terre. le lecteur se doutait bien que cette configuration allait survenir. Il lui reste à découvrir comment le scénariste gère son intrigue. Surprises garanties. Non seulement Hickman évite la redite, mais en plus il élève à nouveau le niveau des enjeux.

Avec ce tome, le lecteur trouve également la confirmation de ce qu'il avait commencé à observer dans le tome précédent. Les personnages ne sont pas oubliés, et les superhéros ne sont pas interchangeables. Chacun d'entre eux réagit à sa manière pour essayer de trouver une parade à l'anéantissement, et pour essayer de contourner les règles du jeu. Par exemple, Tony Stark imagine des armes de destruction toujours plus puissantes, tout en essayant de faire pression sur Black Swan pour trouver un moyen qui n'implique pas la destruction d'une planète. Hickman montre comment Stark paye le prix de cette stratégie toujours plus destructrice, sans solution pérenne. Il suffit de faire la comparaison avec le comportement de Doctor Strange, pour voir apparaître les différences entre les 2 caractères.

Avec un peu de recul, le lecteur se rend aussi compte que le récit d'Hickman est d'une noirceur absolue. Il ne s'agit pas simplement de voir comment les superhéros éviteront une nouvelle fois la destruction. À chaque occurrence d'une incursion, ils compromettent un peu plus leurs idéaux, y renoncent pour pouvoir éviter l'anéantissement. Au fur et à mesure, ils commettent des actes de plus en plus répréhensibles sur le plan moral. La noirceur provient du fait que chaque réussite rend la suivante plus difficile (il reste moins de solutions potentielles) et que cette spirale semble sans fin, menant forcément à l'échec à plus ou moins long terme.

Enfin le lecteur peut déceler un autre niveau de lecture. Hickman met donc en scène une version alternative du Squadron Supreme, composé à la base de décalques transparents des superhéros DC. Ici par exemple, Sun God est l'équivalent de Superman et The Norn est l'équivalent de Doctor Fate. La confrontation entre les superhéros des 2 Terre peut donc aussi être vue comme un commentaire sur la concurrence que se livrent Marvel et DC.

L'intrigue est d'une telle force que les artistes sont relégués au rang de simple dessinateur. Valerio Schiti s'acquitte consciencieusement de sa tâche. Quel que soit le nombre de personnages dans une case, ils sont tous aisément identifiables. La mise en scène est un peu convenue pour les scènes de dialogue. Il a souvent recours à des cases de la largeur de la page, avec uniquement le buste d'un seul individu au milieu, en train de parler, sans forcément d'arrière-plan. Heureusement, le langage corporel est juste ce qui permet de donner plus de conviction à ce type de case.

Sa mise en scène des conflits physiques est plus élaborée et implique fortement le lecteur. Schiti est capable de gérer les manifestations des superpouvoirs, les coups donnés et encaissés, pour tous les personnages présents. Il sait rendre compte de la force et de l'impact (en particulier l'utilisation de l'engin de destruction massive à la fin de l'épisode 21). Il arrive également à gérer et intégrer les hommages aux superhéros DC dans ces mêmes séquences, comme par exemple l'apparition d'ankhs à proximité de The Norn.

Kev Walker utilise une mise en page identique à toutes les pages (à l'exception de 2) : des cases de la largeur de la page. Majoritairement, Walker évite le défaut de Schiti : ses cases comprennent plus que le buste d'un personnage en train de parler. Il en découle des séquences en grand écran, avec un niveau d'informations visuelles satisfaisant. Par contre l'emploi systématique de cette mise en page crée un décalage d'intention lors des dialogues intimistes entre personnages, qui prennent une ampleur de grand spectacle, sans rapport avec la teneur de l'échange, ou l'intimité du moment.

Dans ce tome, Jonathan Hickman augmente l'enjeu d'un cran, et révèle la personnalité de chaque superhéros, tout en s'amusant avec un méta-commentaire sur la rivalité entre Marvel et DC. Ces épisodes se lisent d'une traite, avec un suspense à couper le souffle, et des héros pris dans un paradoxe infernal. Plus ils se conduisent en héros et plus ils mettent leur savoir-faire en pratique, plus ils sacrifient leurs valeurs et plus ils courent à l'échec. Chaque victoire leur fait transgresser leurs principes, et les rapproche d'une défaite inéluctable.
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