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Critique de Bookycooky


Joseph Marti, alias Robert Walser est un jeune homme de vingt-quatre ans qui se présente un beau matin, au poste de commis chez l'ingénieur Tobler. Il a conscience qu'il est à un âge où il faudrait qu'il fasse son apprentissage pour « décoller dans la Vie », s'accomplir. Se faisant engager chez Tobler, va-t-il y arriver, ou se placer sous le coup d'une autorité va l'en dispenser ?
Ce Joseph Marti, l'homme à tout faire des Tobler, où bien nourri, logé ( étrange d'ailleurs cette promiscuité de l'employé avec la famille), jeune homme peu sûr de lui, n'ayant accompli pas grand chose jusqu'à sa vingt-quatrième année, va se révéler fin psychologue, jugeant avec ironie autrui, avec des observations et analyses loin d'être ingénues, (« C'en est une que ce besoin de réfléchir immédiatement à tout ce qui m'arrive de vivant. La moindre chose qui m'advient suscite en moi la curieuse envie de penser. »). Mais côté travail, son statut va s'effriter, jusqu'à devenir un simple employé payé en nature.....Et il restera simple spectateur quand Tobler commencera à perdre du terrain financièrement, malgré le fruit de ses “brillantes recherches”, dont le fameux horloge-réclame ou la foreuse à longue portée, des engins un peu tarabiscotés.....
Plus que la trame de l'histoire assez simple, et l'écriture plate, l'intérêt du récit réside dans la complexité des relations humaines relatée à travers les pensées et observations de Joseph et celles de l'auteur-narrateur, qui sont au coeur du livre, renforcés par les descriptions des relations entre les classes sociales. Quelques unes sont assez surprenante comme la familiarité entre l'employé et la femme de son patron, ou cette dernière répondant à la lettre d'accusation de son ancienne bonne congédiée, ou encore le mari de la femme de ménage invité à boire du vin à la table des maîtres.....,vu que c'est au siècle dernier en Suisse allemande.
Ce livre est qualifié de chef-d'oeuvre, un mot qui ne me plaît pas, et qui force le lecteur d'emblée à y chercher les qualités qui sont supposées à le rendre, au lieu de se fier à son instinct et son bagage littéraire. Sans l'ombre d'un doute c'est de la bonne littérature; un faux roman d'éducation où Joseph apprendra à réfléchir et prendre en considération les vertus banales de l'affection, de la pitié et de la gentillesse. Y plane aussi un zeste d'humour très allemand comme les surnoms qu'il donne à ses personnages, “le capitaliste “ , “la femme peu indépendante”, “le spécialiste des fenêtres “.....et appelant Joseph, « Le commis » selon les circonstances.
Les réflexions sont intéressantes, bien que certaines banales ou trop cyniques à mon goût, d'autres désagréables, comme celles sur Silvi, l'enfant maltraité par la bonne et pas que. A part les envolées magnifiques de descriptions de paysages, l'ambiance est stérile et je dirais même glauque, et les personnages loin d'être attachants.
Il y a un siècle, je pense que c'était un roman plus intéressant à lire, aujourd'hui je dirais moins, même si comme moi on aime la littérature allemande classique, dont Mann, Dürenmatt, Lenz....des auteurs que je trouve plus intéressants et plus intemporels. Ce n'est que mon avis bien sûr. Mais c'est son premier livre que j'aborde , il en faudrait lire plus pour y porter un jugement plus consistant, ce à quoi j'attendrais un moment.





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