Je suis dans la découverte des auteurs suisses. Après
Charles-Ferdinand Ramuz, voici
Robert Walser avec un étrange roman, "
Le Commis". Il en a apparemment peu écrit, trois semble-t-il, et celui-ci fut terminé assez rapidement. Cela se ressent un peu dans la structure de l'oeuvre. Je me suis demandé parfois où voulait en venir l'auteur, puis, petit à petit, j'ai compris qu'il s'agissait plutôt d'une chronique essentiellement autobiographique. Ce récit m'a beaucoup amusé pour deux raisons : la première réside dans le ton ironique du narrateur, un peu comme
Voltaire, mais avec plus de finesse encore (eh oui ! c'est possible !) ; la deuxième est dans l'attitude surprenante du commis, capable de travailler consciencieusement pour son patron et de se soumettre docilement à son autorité, mais tout en se permettant de sortir des déclarations fracassantes ou d'agir de manière totalement démesurée. Il y a du Bartleby chez ce garçon, mais en moins mystérieux, puisque le narrateur opte souvent pour le point de vue du commis. On s'amuse alors à découvrir, en même temps que lui, ce petit monde vivant dans une propriété bourgeoise sur les bords d'un lac. Une communauté embarquée dans les projets ridicules et insensés du chef de famille, des espoirs du premier printemps, jusqu'aux désillusions de l'hiver suivant.
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