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Critique de lordauch


Le mystère à la place du monde.

Par les voies du rien et de la mystification, forcer le réel plat à montrer patte blanche et ouvrir toutes grandes les valves de l'irréel — ni au-delà ni en deçà, mais au lieu très exact du réel, et en même temps que la banalité.

Glissement très sournois du sens à la lecture du récit que fait Jakob von Guten de son séjour chez les Benjamenta. La narration demeure ce qu'il y a de plus modeste, visant même à faire de cet effacement une forme de hardiesse ontologique : « être un gros zéro tout rond», — mais le monde qui s'y reflète prend les allures d'une supercherie grandiose, qui n'aurait pourtant jamais triché de quelque façon que ce soit. — La faute nous en incombe : sentiment envahissant de forfanterie de nos valeurs (lesquels ?), de grimaces et de poses quotidiennes et universelles. Il me semble que rien n'existe d'autre, en refermant ce livre, que ce qui s'y trouve : pas d'héroïsme, d'amour fou, de révolte ou de liberté, d'exploits ou de succès ; très peu, finalement, mais tout. Seulement, avec un masque différent, qui laisse entrevoir les arrêtes d'os inconnus, qui seraient dès lors charpente du nouveau visage du monde. Et le masque est le visage pour tout le temps où ce visage se dérobe à nous, et donc n'existe pas. « D'autre part, toute connaissance est physiognomonique. » disait Roberto Calasso, grand lecteur de Walser, bien entouré à ce titre.
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